ALICE IN CHAINS - DIRT (1992)
Music On Vinyl - MOVLP037- 2009
La
vague Grunge venue tout droit de Seattle est en train de déferler sur toute la
Planète Rock, emmenée bien sûr par Nirvana, mais également Pearl Jam et
Soundgarden. Un autre groupe répondant au nom d’Alice in Chains s’est fait une
petite place avec son premier opus Facelift sorti en 1990. Mais cela n’est rien
comparé à ce que le groupe prépare.
C’est
en 1992 qu’Alice in Chains sort l’album Dirt. Ce disque est emmené par la
guitare lourde et acérée de Jerry Cantrell et le chant de Layne Staley dont les
textes torturés et mélancoliques rentreront dans la légende. Le frontman se
sert de Dirt comme d’un exutoire pour exprimer le cercle nuisible que sa
dépendance à l’héroïne lui a fait prendre. Constat effrayant d’un homme
conscient de sa lente autodestruction dont il n’a de cesse de tenter de
s’extirper sans succès.
Them
Bones pose déjà le tableau, un riff incisif et agressif, accompagné des cris de
Staley, qui prédit une mort imminente vers laquelle il se sent glisser.
S’ensuit un Dam the River dans la même veine, sans mauvais jeu de mots, la
rivière représentant ici un fix d’héroïne. Layne Staley la compare à un serpent
dont il n’arrive pas à se dégager. Le thème de la mort est bien sûr un sujet
récurrent sur cet album, à l’image de Rain When I Die avec son rythme
pachydermique. Et que dire du troublant Sickman où le chanteur semble dresser
son propre autoportrait.
Alice
in Chains fait aussi preuve de talent quand il s’agit de composer des mélodies
plus douces avec des titres comme Rooster, Would?, ou encore le poignant Down
in a Hole, où la volonté de Layne Staley de se débarrasser de son addiction n’a
jamais semblé aussi touchante. Le combo de Seattle nous sert également quelques
morceaux à la beauté parfois terrifiante comme Junkhead rappelant la terrible
domination d’un dealer sur sa "clientèle" ou encore Angry Chair
évoquant la libération provoquée par un "camé" prenant sa dose.
L’inquiétant
morceau-titre Dirt est à l’image même de l’album, tant au niveau de la musique
que des textes. Le sentiment de déchéance dû à l’héroïne est parfaitement
retranscrit par la guitare de Cantrell semblant elle aussi emportée par son dernier
fix.
Dirt
(couplé à son successeur éponyme surnommé Tripod ou The Dog Album) est une
œuvre unique en son genre. Bon nombre de musiciens de talent ont été emporté
dans le tourbillon morbide de la came, mais aucun avant Alice in Chains n’avait
retranscrit avec autant d’esthétique les différentes facettes de
l’asservissement à la dope, qu’il s’agisse de la délivrance obtenue par
l’injection du poison, ou du tourment causé par la dépendance conduisant
parfois à des pulsions suicidaires pour s’en libérer.
Terrible
paradoxe de se dire que le groupe n’a jamais été plus brillant que dans
l’affliction la plus profonde, qui finira par couter la vie à l’un d’entre eux.
A l’image du concert acoustique d’Alice in Chains avec un Layne Staley
cadavérique, semblant en pleine crise de manque, et qui n’a pourtant que
rarement aussi bien chanté. (FX - Aux Portes du Metal).
TRACKLIST :
TRACKLIST :
A1 | Them Bones | 2:29 | ||
A2 | Dam That River | 3:09 | ||
A3 | Rain When I Die | 6:02 | ||
A4 | Down In A Hole | 5:38 | ||
A5 | Sickman | 5:30 | ||
A6 | Rooster | 6:15 | ||
B1 | Junkhead | 5:09 | ||
B2 | Dirt | 5:17 | ||
B3 | Godsmack | 3:51 | ||
B4 | Hate To Feel | 5:16 | ||
B5 | Angry Chair | 4:47 | ||
B6 | Would? | 3:28 |
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