ELTON JOHN - A SINGLE MAN (1978)
The Rocket Record Compagny - 9103500 - (France)
The Rocket Record Compagny - 9103500 - (France)
A Single Man, le douzième album studio d'Elton John
introduit une nouvelle ère, séparée de la précédente par deux ans de
"vacances", sans album original. C'est la première fois que l'artiste
réalise une oeuvre sans l'aide du producteur Gus Dudgeon, et surtout sans celle
ô combien précieuse de Bernie Taupin, qui collaborait alors avec d'autres
personnes. Il y a bien un nouveau parolier, Gary Osborne, mais il était alors
si peu connu que beaucoup de gens ont interprété le titre de ce nouvel album
comme indiquant une tentative d'Elton de produire quelque chose en solitaire !
La pochette aussi peut prêter à confusion, avec un Elton tout seul, habillé
très classe et assumant ses racines "so british" jusqu'au bout
(l'allée est celle de Long Walk, dans le grand parc Windsor). A Single Man est
aussi le premier album de l'artiste à avoir été publié officiellement en
ex-URSS, pas forcément bien d'ailleurs : certaines chansons comme "Big
Dipper" et "Part-Time Love" ont été censurées, donc tout simplement
retirées.
S'il marque le début d'une autre période, A Single Man
n'est pas un témoin de la grande baisse d'inspiration que l'on reproche souvent
à Elton après Blue Moves. Beaucoup de chansons, pour ne pas dire tout le
disque, sont encore empreintes du "classicisme" des albums précédents
et ne sont pas à ignorer de ce fait, d'autant plus que, et je suis tout à fait
d'accord avec cet avis courant, c'est l'un des opus où Elton chante le mieux.
De l'ancien groupe, il n'a gardé que Ray Cooper et Davey Johnstone qui restent les
éléments les plus "visibles" de cette musique en dehors de lui-même,
tout comme l'arrangeur Paul Buckmaster (dont c'est la dernière participation
avant longtemps). Il ne faut pas pour autant renier l'apport de Tim Renwick,
musicien dde studio célèbre, et de ses diverses guitares acoustiques et
mandolines qui font ressortir leur essence acoustique à beaucoup de chansons.
Il y a aussi la contrebasse occasionnelle de Herbie Flowers, le saxophone de
John Crocker, ses claviers, les choeurs...
"Shine on Through" et "Georgia" sont
des ballades dans la grande tradition eltonjohnesque, avec apport de choeurs et
de cordes au ton langoureux. Mais on peut aussi facilement retrouver des
cavalcades de ces dernières sur le très disco (et dense) "Madness"
ainsi que sur le passionnant "I Don't Care" où elles prennent la
place des cuivres. Dans tous les cas, ces chansons font que ce disque a une
tonalité épique et ce n'en sont que des très bons exemples. Le piano se réserve
de solides échappées toujours adaptées à l'attitude des chansons, et maître
Johnstone vient ponctuer le tout de jolis solos. "Part-Time Love"
ainsi que "Return to Paradise" sont également efficaces chacune à
leur manière, et dotées d'un arrangement seyant de percussions par Ray Cooper
(congas, marimbas, vibraphones...)
Ce qui reste de l'album est plus "particulier"
dirons-nous. On reste dans un univers propre à l'artiste, mais celui-ci emploie
un propos singulier, ouvrant sur d'autres idées. "Big Dipper" par
exemple, possède une ambiance qui nous conduit tout droit dans un troquet de
New Orleans, grâce à ses intonations bluesy et sa fanfare excentrique. "It
Ain't Gonna Be Easy" ne justifie pas forcément toute sa longueur (huit
minutes), mais est savoureux pour son côté sombre et mystérieux ainsi que son
arrangement savant, que Elton arrive à transporter très haut en chantant.
"Shooting Star" réemploie la recette jazzy que l'on avait rencontrée
sur Blue Moves, mais y ajoute un peu de saxophone alto et surtout un piano
Fender Rhodes céleste. D'ailleurs, cette dernière partie de l'album offre une
part belle aux claviers, puisqu'après un petit interlude "Reverie"
portant bien son nom, Elton nous offre "Song for Guy". Dédiée au
jeune Guy Burchett, employé chez Rocket Records (le label d'Elton) qui s'est
tué en moto, cette chanson n'en est pas une puisque presque totalement
instrumentale. Un thème de piano très simple et forcément tubesque (le morceau
sortira en single et sera un succès) revient systématiquement entre deux
passages oniriques chargés en claviers et glockenspiels. Elton vient ajouter sa
voix sur le final. Epique et idéal pour conclure un déjà excellent album. (Marco Stivell - FP).
TRACKLIST:
A1. Shine On Through
A2. Return To
Paradise
A3. I Don't Care
A4. Big Dipper
A5. It Ain't Gonna Be
Easy
B1.Part-Time Love
B2. Georgia
B3. Shooting Star
B4. Madness
B5. Reverie
B6. Song For Guy
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