DEEP PURPLE - THE BOOK OF
TALIESYN
Tetragrammaton
Records - T-107 - U.S.A. - 1968
A tort, la première
incarnation du Pourpre Profond, connue sous l’étiquette Mark I, est souvent
sous-estimée, et les trois albums qu’elle a gravés, méconnus. Pourtant, si le
groupe, alors formé autour de l’ossature Ritchie Blackmore / Jon Lord / Ian
Paice, complétée par le chanteur Rod Evans et le bassiste Nick Simper, cherche
alors encore sa voie entre psychédélisme ambiant et Beatlesmania, il est déjà
détenteur d’un sacré potentiel qui ne demande qu’à être exploité, apprivoisé.
Ce que beaucoup ignorent
aussi, c’est que le Mark I a rencontré immédiatement un certain succès,
notamment grâce au single “ Hush ” et notamment aux Etats-Unis. C’est justement
suite aux ventes encourageantes du premier album, Shades Of Deep Purple aux
pays de l’Oncle Sam que la maison de disque EMI et ses producteurs incitent le
combo a retourné rapidement en studio afin d’avoir une nouvelle galette sous le
bras lorsqu’il foulera le nouveau continent pour une tournée programmée durant
l’automne 68. Trois mois ( ! !) à peine après avoir enregistré Shades…, la
bande à Blackmore se retrouve pour mettre sur bande une seconde offrande, The
Book Of Taliesyn, qui témoigne d’incontestables progrès par rapport à son aîné.
Si le style est toujours le
même, mais la musique se parent désormais d’atours symphoniques et baroques,
pour un résultat coloré et bariolé. Cette fois, les musiciens ont privilégié
les créations personnelles et on ne retrouve au menu que trois reprises (sur
sept titres, c’est encore beaucoup !), souvent transcendées par le brio
d’instrumentistes de génie. Le “ Kentucky Woman ” de Neil Diamond est zébré par
l’orgue de Jon Lord qui cavale de partout ; la cover de Beatles, “ We Can Work
It Out ”, est précédée d’une intro superbe ; tandis que le monstreux “ River
Deep, Montain High ” de Ike et Tina Turner, se voit enrichi d’une première
partie grandiose et baroque, durant laquelle on pent reconnaître le thème de “
Ainsi parlait Zarathoustra ”. Le moustachu y fait merveille. D’une manière
générale, il est l’homme de ce disque, comme le démontre également le très beau
“ Anthem ”, qui résonne des notes égrenées par son orgue liturgique ; davantage
qu’un Ritchie, toujours en quête de son identité et du Son qui fera plus tard
sa renommée. Néanmoins, son jeu sur “ Shield ”, sans doute la meilleure
composition du lot, porte déjà les germes de son évolution future. Son solo
orientalisant annonce presque ceux qu’il délivrera avec Rainbow. On peut penser
par exemple à “ Stargazer ” ou à “ Eyes Of Fire ”. Son style est encore
embryonnaire mais la filiation est évidente. De même le véloce “ Wring That
Neck ”, connu aussi son le nom de “ Hard Road ”, est le théâtre d’interventions
acérées de l’homme en noir, écho ravageur aux claviers volubiles de Lord.
Des trois essais capturé par
le mark I, The Book Of Taliesyn, s’impose peut-être comme le plus abouti. En
outre, par son ambiance médiévale, qu’illustre parfaitement la pochette,
démontre que la passion (obsession, diront certaines mauvaises langues !) que
nourrit aujourd’hui Ritchie Blackmore ne lui est pas venu soudainement, telle
une vision divine ; au contraire, il porte cette fascination pour les temps
moyenâgeux et renaissance depuis toujours. Il est bon de la rappeler…
(Stargazer).
TRACKLIST:
A1. Listen, Learn,
Read On
A2. Hard Road
A3. Kentucky Woman
A4A. Exposition
A4B. We Can Work It
Out
B1. The Shield
B2. Anthem
B3. River Deep,
Mountain High
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire