Genesis – Duke
Rhino Records – R1 188412 – Limited Edition,
Remastered, 180 Gram
US – 28 Apr 2015
And Then They Were Three...
annonçait la couleur, il fallait désormais compter sur un véritable
"pop-band". Cet album n'était pas si mauvais que ça en fin de compte,
il avait une ambiance, une âme, il contenait même quelques morceaux
magnifiques, épris de mélancolie. Seulement, il était terriblement mal agencé,
avec une alternance "un rock - une ballade - un rock - une ballade"
le rendant indigeste, pénible à écouter en entier et des fautes de goût qui ont
largement contribué à sa mauvaise réputation. Genesis n'était pas le seul
groupe progressif à avoir simplifié sa musique en 1978, Yes, Emerson Lake And
Palmer et même Magma l'avaient fait aussi (sur Tormato, Love Beach et Attahk).
L'évolution technologique des claviers était déjà en marche, préparant le
terrain avant la décennie 80.
Curieusement, Genesis
redresse la barre en 1980 avec Duke, un album servant de passerelle entre passé
et avenir, entre les expériences progressives de retour et le style pop-rock
tel qu'il se présentera sur les albums suivants. De ce fait, Duke est un peu à
part dans la discographie de Genesis, toute sa richesse vient de ce mélange
pop-prog unique, un peu comme Yes l'avait fait sur Drama. Dans les deux cas,
cet exploit ne sera jamais réédité ce qui est bien dommage, il aurait été
préférable de poursuivre sur cette voix, enfin c'est un autre débat !
D'emblée, la production
apparaît tout de suite moderne, ce qui n'était pas vraiment le cas de celle
d'And Then They Were Three..., et même si elle a un peu vieilli aujourd'hui,
elle traduit bien la volonté de Genesis de se mettre à la page comme on dit.
Tony Banks domine l'espace sonore et Mike Rutherford est discret à la guitare,
une fois n'est pas coutume. Et Phil Collins est enfin devenu un chanteur à part
entière, avec sa voix qui a acquis plus de force et de caractère, loin de la
mollesse d'A Trick Of The Tail et Wind & Wuthering à l'époque où il était
encore dans l'ombre de Peter Gabriel.
Duke est assez difficile à
cerner au premier abord, la faute à quelques baisses de régimes dissimulées ici
et là, et surtout sur la seconde face. Quelques résidus de la période And Then
They Were Three... subsistent, on se serait bien passé d'une ballade comme
Alone Tonight, de même que le refrain de Man Of Our Times s'inscrit dans ce
registre larmoyant. Cul-De-Sac n'est pas non plus un chef-d'oeuvre à proprement
parler, typiquement Banksien dans sa construction avec les claviers.
A côté de ça, on a du grand
Genesis, toujours ambitieux, même à trois : si l'emblématique Turn It On Again
est assez simple, direct et rock comme le sera la suite de leur carrière, ce
morceau n'est rien à côté des sommets d'émotion que constituent les ballades
Please Don't Ask (oui, on est encore dans le style And Then They Were Three...)
et Heathaze (superbe basse !), et bien entendu l'introduction et le final, tous
deux dans une veine progressive évoquant un passé désormais lointain (Behind
The Lines, Duchess, l'instrumental Duke's Travels/Duke's End qui reprend au
passage quelques thèmes de l'album, pour un résultat encore meilleur que Los
Endos), sans oublier l'excellent single Misunderstanding, le premier... non en
fait le deuxième si on inclue le minable Follow You, Follow Me d'une longue
série de hits souvent réussis pour le Genesis des années 80, il faut bien
avouer qu'ils seront très forts à ce jeu là.
Vous l'aurez compris, Duke
est un des meilleurs albums de Genesis avec Phil Collins, voire toutes périodes
confondues, malgré quelques lourdeurs, la faute à un précédent album dont le
souvenir est parfois pesant. Mais pour une fois qu'un album avec Phil Collins
fait l'unanimité, satisfaisant à la fois les vieux fans comme ceux arrivés sur
le tard, on ne va pas s'en plaindre. (David – FP).
TRACKLIST :
A1 Behind
The Lines
A2 Duchess
A3 Guide
Vocal
A4 Man Of
Our Times
A5 Misunderstanding
A6 Heathaze
B1 Turn It
On Again
B2 Alone
Tonight
B3 Cul-De-Sac
B4 Please
Don't Ask
B5 Duke's
Travels
B6 Duke's
End
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