SUEDE
- Coming Up (1996)
Séparé de leur brillant
guitariste, SUEDE ne capitule pas malgré une côte de popularité descendante.
Tous les pronostics prédisent pourtant qu’ils seront la prochaine formation
prometteuse à devenir « has been ». Dans une période où la presse découvre le
plus grand groupe de rock du monde toutes les semaines, cet événement n’est en
vérité que le revers de la médaille. L’OASISmania bat son plein et c’est entre
leur apogée et leur déclin que SUEDE saura se (re)faire une place au soleil.
Mais pour le moment, le
groupe a surtout besoin d’un pro de la guitare et ils auront la bonne idée
d’utiliser la revue qui les a fait connaitre à ses débuts pour le trouver : le
NME. Faire une petite annonce anonyme semble être si simple et qu’avaient-ils à
perdre de toute façon ? L’annonce se résumera en 3 lignes : « groupe cherche
guitariste, influences : SUEDE, BEATLES, COCTEAU TWINS ». C’est ainsi que le
remplaçant de Bernard Butler se retrouvera sur leur route. Ce jeunot de Richard
Oakes ne se doutait pas que derrière cette annonce se cachait un de ses groupes
favoris. Un rêve de gosse qui se réalise et qui ne peut que renforcer la
mythologie du rock and roll.
Car Oakes est l’ingrédient
principal du retour en force de SUEDE. Son jeu est beaucoup plus direct et
incisif que celui de Butler, car ce qu’il n’a pas en complexité, Oakes le
compense avec un son plus agressif. Le groupe tout entier va donc s’appliquer à
moduler son jeu mais surtout l’écriture de ses chansons pour être en phase avec
lui. Désormais plus simple et directe, leur musique va gagner en séduction
immédiate et sans que cela lui fasse perdre de la profondeur.
Toujours inspiré, le
songwriting de Brett Anderson dévoile encore des trésors d’inventivité mélodique.
« Beautiful Ones » et « Trash » sont les exemples de chansons pop à la fois
irrésistibles et profondes, puisque résistantes aux écoutes répétées et au
temps qui passe. La science des arrangements étant encore au top également (Les
déluges de cordes sur « She » et ce dialogue entre guitare et violons sur « The
Chemistry Between Us »), mais la production de Coming Up est aussi un modèle du
genre, alors qu’elle rassemble beaucoup de détails qui alourdirait le son de
n’importe quel autre groupe. Ce son spatial et, osons le dire, FM a dû beaucoup
jouer dans le succès de ce disque. Mais aucun sentiment désagréable de
superficialité n’apparait tant ces chansons sont si finement composées et
imparables.
L’autre détail enfonçant le
clou est la voix de Brett Anderson. Soumise elle aussi à cette surproduction,
elle est désormais trafiquée et possède de doux airs à la Billy Corgan.
Quelques-uns seront horrifiés, les autres baisseront les défenses face à cette
prouesse. Car Coming Up est un des rares albums de rock où une voix modifiée et
peu naturelle se transforme en atout.
Si les deux premiers albums
de SUEDE peuvent être qualifiés de revival glam rock, Coming Up est ce qu’on
appelle du néo glam. Moderne, rutilant, mélancolique et parfois orgueilleux, un
réservoir à tubes à faire passer Thriller de Michael JACKSON pour un album
d’ambient.
Peu de formations ont réussi
à devenir aussi outrageusement mainstream sans perdre leur âme, ce 3ème album
de SUEDE fait partie de cette espèce rare.
(SEIJITSU – Forces Parallèles).
(SEIJITSU – Forces Parallèles).
TRACKLIST:
A1 Trash
A2 Filmstar
A3 Lazy
A4 By The
Sea
A5 She
B1 Beautiful
Ones
B2 Starcrazy
B3 Picnic
By The Motorway
B4 The
Chemistry Between Us
B5 Saturday Night
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