OMD
- English Electric (2013)
Remontons le temps jusqu'en
1983. Cette année-là (dehors Cloclo !), le groupe de new-wave Orchestral
Manoeuvres in the Dark sort Dazzle Ships, un album mêlant la new-wave
caractéristique de l'époque et de la musique expérimentale. Le résultat était
fort probant, mais le public n'avait que peu accroché, forçant OMD à dériver
vers une pop électronique plus convenue et surtout moins enthousiasmante.
Trente ans plus tard, soit six ans après sa reformation (le groupe n'ayant en
effet plus existé entre 1996 et 2007), OMD récidive avec son nouvel album,
English Electric. Avec l'évolution de la musique, il devrait avoir une
meilleure réception de la part du public. En tout cas, c'est surtout un album
des plus géniaux, il n'y a pas à tergiverser.
Contrairement à Dazzle
Ships, English Electric accorde plus de place aux morceaux à structure standard
– c'est-à-dire des chansons. Toutefois, à l'inverse de History of Modern, qui
présentait une new-wave old school, elles détonnent par leur apparente
originalité stylistique. OMD n'invente rien ici, mais ose le peu commun par
rapport à la scène actuelle. Certes, il ne faut pas voir du côté de
"Metroland" ou bien "Stay with Me" pour le voir clairement.
Le premier, envoyé en single éclaireur, présente bien l'influence de Kraftwerk
ainsi que le talent du groupe à créer une synthpop des plus efficaces. Le
second, chanté par Paul Humphreys (youpi !), est une jolie ballade électronique
dégoulinant certes de mièvrerie, mais suffisamment efficace et bien exécutée
pour ne pas être zappée.
Le meilleur se trouve
cependant (et bien évidemment) sur les autres morceaux. De temps à autre, une
simplicité pop s'installe ("Night Café", "Dresden"), mais
elle est finement utilisée, de manière à attirer sans racoler. Certaines
chansons se font plus remarquer que d'autres rien que par leur titre, comme
c'est le cas pour "Helen of Troy". L'écho à "Joan of Arc"
sur Architecture and Morality devrait briller comme un néon dans la tête. En
tout cas, voilà encore une démonstration de la puissance de la new-wave. Avec
"Our System", OMD va encore plus loin et se pose clairement comme
l'une des pléthoriques influences de DEPECHE MODE (paix à son âme, surtout en
2013), avec cependant un McCluskey plus charismatique au niveau du chant.
Comme dit plus haut, English
Electric est une version moderne de Dazzle Ships, d'où la présence d'interludes
se détachant de la new-wave/synthpop. Le moins que l'on puisse dire, c'est que
c'est réussi. Sur un fond assez inquiétant, une litanie joyeusement neutre
vante l'idéal socio-économique des années 50 sur "Atomic Ranch".
"The Future Will be Silent" impressionne par l'opposition entre des
synthés assez joyeux et un texte récité de manière bien froide un sombre propos,
un véritable grand moment de musique contemporaine. Enfin, l'accumulation de
voix sur "Decimal" se pose en tour de force rondement bien mené. Lui
aussi renvoie directement à Dazzle Ships, et pour être plus précis à "Time
Zones". Cette tendance à renvoyer à cet album est si bien faite qu'on ne
pourra accuser OMD de passéisme ou d'auto-plagiat.
Peut-on vraiment trouver des
points faibles à English Electric ? Quelques points de désaccord tout au plus.
Par exemple, "Kissing the Machine" n'est pas objectivement
sensationnelle, mais elle n'est pas désagréable pour autant et peut plaire à
qui aime la synthpop quelque peu paresseuse.
Mais sinon, il n'y a pas de
réel point faible ni de raison d'être mécontent. Non content d'avoir réussi
leur come-back studio avec History of Modern, les membres d'OMD signent avec
English Electric une oeuvre forte, dont certains seraient bien tentés de
s'inspirer. Et si un autre album doit lui succéder, peu importe le temps que
cela prend, du moment qu'il est tout aussi bon. (Waltersmoke – Forces Parallèles).
TRACKLIST :
A1 Please Remain Seated
A1 Please Remain Seated
A2 Metroland
A3 Night
Café
A4 The
Future Will Be Silent
A5 Helen Of
Troy
A6 Our
System
B1 Kissing
The Machine
B2 Decimal
B3 Stay
With Me
B4 Dresden
B5 Atomic
Ranch
B6 Final
Song
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