lundi 28 juillet 2014

AC/DC - The Razors Edge




AC/DC - THE RAZORS EDGE (1990)
Albert Productions ‎- 7567-91413-1 - (UK & Europe)

Il fallait bien l'avouer, depuis le mythique "Back In Back" intronisant Brian Johnson au poste de hurleur des australiens, secoué par le décès de Bon Scott, AC/DC n'avait plus sorti grand chose de très probant. La traversée du désert, pour reprendre la formule biblique... Ah, certes, "Blow Up Your Video", paru en 1988, permettait à la bande des frangins Young de relever la tête et de prétendre de nouveau à des égards comme ils n'en avaient plus reçus depuis l'album noir. Mais il fallut véritablement attendre ce très bon "The Razors Edge" pour que le groupe regagne de sa superbe et s'empare impérieusement, et avec une tranquille autorité seigneuriale, des plus grandes scènes du monde.

Bon, on s'était douté depuis un moment, AC/DC s'était éloigné du Hard Rock Boogie salement électrique, transpirant d'effluves de Blues, qu'il affectionnait tant en ses vertes années. Désormais, il fallait plutôt attendre du groupe qu'il nous serve cet irrésistible Rock dur très remuant et accrocheur, de la race de ceux qui font battre du pied jusqu'à la fracture, à force de rythmiques magiques et de solos à fendre le crâne. Ca tombait bien, "The Razors Edge" débordait de cette potion magique capable de dissoudre ennuis et tracas !

Ah, quel plaisir de voir AC/DC sortir enfin de l'aridité qui les accabla pendant les 80's, succession d'albums nettement inférieures, en talent et panache, à ce à quoi nous étions habitués ! Le groupe, remis sur les bons rails grâce à "Blow Up Your Video", pouvait cette fois laisser s'exprimer toute la cavalerie de sa locomotive, et s'ébrouer sur la voie du succès : Le confortable et prenant "Moneytalks", le très Rock(sic) "Rock Your Heart Out", la course éperdue, pied au plancher, du tonitruant "Fire Your Guns" (un titre pour le moins explicite), le mid-tempo écrasant "Got You By The Balls", les sympathiques "Shot Of Love" et "If You Dare", et le fantastique riff de "Thunderstruck", irrésistible montée en puissance, qui signaient le grand retour du groupe dans le giron du Hard avec un grand H, détenteur de mensurations promptes à soulever les foules ! Du tout bon !

Bon, concédons-le tout de même, "The Razors Edge", pour être un disque très bien produit et plus que convaincant, enfin digne du standing des australiens, n'était cependant pas une galette parfaite. Bien que les titres phares affluaient, le combustible finissait par manquer dans la chaudière de la masse d'acier fumante et sifflante, et les dernières et indigentes pelletées de charbons Rock ("Lets Make It", "Goodbye & Good Riddance To Bad Luck") laissaient malheureusement l'engin en panne d'inspiration, terminant sa course dans un crachotement indigne... Sûr qu'il eut fallu moins s'attacher à un si long trajet, et privilégier plutôt l'efficacité et la concision à cette recherche d'une générosité qui, finalement, plombait un tableau jusque là réjouissant, et même inattendu (la chanson de Noël décalée "Mistress For Christmas", à ne pas exhiber le soir des cadeaux, ou le morceau titre avec son intro menaçante et ses choeurs d'âmes damnées).

Allez, ne faisons pas la fine bouche ! Oui, AC/DC was back, et dans une forme resplendissante, chargé à bloc, prêt à bouffer un monde qui n'attendait plus de nos kangourous rockers qu'ils aient leur mot à dire, à l'orée de la révolution grunge. On avait bien tort, car AC/DC est immortel. Et si "The Razors Edge" n'est pas le meilleur disque du combo, il constitue l'oeuvre la plus réussie sortie par la formation depuis "Back In Black". Et ça, putain, on doit le fêter ! Welcome home boys... on the top ! (Julien - Metal Nightfall).



TRACKLIST:

A1Thunderstruck4:52
A2Fire Your Guns2:53
A3Moneytalks3:45
A4The Razors Edge4:22
A5Mistress For Christmas3:58
A6Rock Your Heart Out4:06
B1Are You Ready4:10
B2Got You By The Balls4:29
B3Shot Of Love3:57
B4Lets Make It3:32
B5Goodbye & Good Riddance To Bad Luck3:14
B6If You Dare3:11






samedi 26 juillet 2014

AC/DC - Black Ice




AC/DC - BLACK ICE (2008)
Columbia ‎ - 88697 38377 1 - 2 × Vinyl, LP, Album, Gatefold, 180g 
(Europe)

Il se sera fait attendre, beaucoup ont même douté qu'il sortirait un jour, mais peu importe, le nouvel album du plus grand groupe de rock du monde (n'en déplaise à certains) est bel et bien là. « Black Ice » fait donc office aujourd'hui de Saint-Graal tellement l'attente fut longue. Pas la peine d'entamer la petite bio de rigueur, AC/DC tout le monde connait, à moins d'avoir hiberné durant ces 35 dernières années. Un style inimitable, une énergie hors du commun, et dont le seul défaut pour certains, est de faire un rock un brin répétitif. Et bien il est certain qu'AC/DC fera taire bon nombre de détracteurs avec « Black Ice », car pour la première fois en près de quatre décennies de carrière, le groupe nous sort un album que l'on peut qualifier de varié !

Entendons nous bien, AC/DC reste AC/DC, mais le groupe s'est permis quelques écarts inhabituels, comme l'utilisation d'un bottleneck pour « Stormy May Day » (en vérité un Zippo, pour l'anecdote), ou encore «Anything Goes » titre à la limite de l'A.O.R. Et le plus beau dans tout ça, c'est que ces titres font sans aucun doute partis des meilleures de cette galette. Les Boys nous prouvent une nouvelle fois qu'ils savent encore et toujours nous pondre des tubes en puissance, à l'image de « Big Jack » ou « War Machine » qui porte décidément bien son nom. Tous ces titres interprétés live s'annoncent comme étant de vraies tueries !

Autre point fort de l'album, le chant ! L'implication et l'application de Brian Johnson sur ses parties vocales est un véritable travail d'orfèvre. Beaucoup de superlatifs ont été utilisés sur la performance, en effectuant la comparaison avec quantité de vocalistes légendaires, mais Brian Johnson est depuis bien longtemps, avec son style qui n'appartient qu'à lui, une légende dont il a écrit une magnifique page avec « Black Ice ». Beaucoup de gens se sont pincé la lèvre inferieure de bonheur en écoutant Brian Johnson sur le final de « Stormy May Day ». Non décidément c'était une bonne idée de troquer ses clopes contre des Nicorettes à mâcher, on a la gorge plus fraîche.

Nouvelle originalité au programme, c'est désormais officiel après 35 ans de rumeur, il y a bel et bien un bassiste au sein d'AC/DC, la dictature des guitares des frangins Young pour le mixage d'un album des Boys a été mise en stand-by, en laissant une place de choix à Cliff Williams qui peut faire l'étalage de tout son talent, dont on ne doutait guère, mais qui peut vraiment s'exprimer aujourd'hui sur un album studio des Australo-Ecossais. Le tout évidemment accompagné par un Phil Rudd comme d'habitude impeccable derrière ses fûts, mais cela sera toujours une constante.

Je m'étale peut-être moins sur les riffs qui sont bien sûr toujours la colonne vertébrale d'AC/DC. Mais dire que Angus et Malcolm Young ont été inspirés, tiendrait presque de l'évidence. Prenez l'album qui vous parait être le pire de la discographie du groupe, vous trouverez toujours des pépites dont eux seuls ont le secret. Alors peut être que riffs et solos sont moins incisifs et énergiques que sur un « Let There be Rock », mais n'oublions pas que les frères Young sont avant tout des blues-men, qu'ils n'ont plus 20 ans, et que leurs influences ne sont pas les Rolling Stones ou Led Zeppelin, mais B.B. King et Muddy Waters. En d'autres termes il y a bien longtemps que ces gars là n'ont plus rien à prouver, et ont décidé depuis « Stiff Upper Lip » de s'approcher d'un style plus blues-rock.

En conclusion, AC/DC est plus que vivant à l'heure actuelle et nous prouve que le groupe n'a rien perdu de sa superbe ! Et... J'allais dire « cerise sur le gâteau », mais plutôt « Pasteque on the cake ». La sortie de « Black Ice » est l'occasion pour le groupe de faire une nouvelle tournée, car le groupe est plus que jamais intouchable sur scène, car comme le dit si bien Tonton Zégut sur nos ondes FM « Ceux qui n'ont jamais vu AC/DC en live, ne peuvent pas savoir ce qu'est le Rock'n'roll ! », donc si vous avez réussi à obtenir ce précieux sésame pour la première fois, vous êtes prévenu, vous n'en ressortirez pas indemne. Croyez-moi ! A bon entendeur salut ! Et n'oubliez pas, LET THERE BE ROOOOOOOCK !!




TRACKLIST:
A1Rock N Roll Train4:21
A2Skies On Fire3:34
A3Big Jack3:57
A4Anything Goes3:22
B1War Machine3:09
B2Smash N Grab4:06
B3Spoilin' For A Fight3:17
B4Wheels3:28
C1Decibel3:34
C2Stormy May Day3:10
C3She Likes Rock N Roll3:53
C4Money Made4:15
D1Rock N Roll Dream4:41
D2Rocking All The Way3:22
D3Black Ice3:25







lundi 21 juillet 2014

Paradise Lost - Gothic




PARADISE LOST - GOTHIC (1991)
Peaceville ‎- VILELP433 - Reissue 180gm - (United Kingdom)


"Gothic", le disque qui donna son nom au genre, "Gothic" le disque qui popularisa réellement Paradise Lost, "Gothic" le meilleur disque du groupe selon les "die hard" fans, hum c'est dire si celui-ci semble être important. Et c'est tout de même avec 10 ans de retard que je le découvre... Ahlàlà y a des fois où je regrette de ne pas être né en 1970 (et j'imagine que ceux là regrettent de pas être né en 60 héhé)... Mais bref, tout ceci pour dire que "Gothic" fait partie de ces disques qui ont quelque peu vieillis, surtout au niveau du son. Cela rajoute du cachet certes (et je suis habituellement fan des vieilles prod's) mais là je dois bien avouer que cela me gene suffisamment pour être noté ici. Bienheureusement, les compositions elles ne vieillissent pas, et prouvent clairement que le bruit créé autour de cet album n'est pas injustifié. "Gothic" poursuit là où "Lost paradise" s'était arrêté. Le côté death est moins présent, le tempo s'est légèrement relevé pour devenir quasiment tout le temps mid-tempo, les claviers prennent une plus grande place (c'est surtout eux qui ont vieilli), le chant féminin également, et l'ensemble prend une dimension générale plus triste, dramatique, que glauque et oppressante comme sur l'album précédent. Il faut bien avouer que cette évolution était ce que l'on pouvait souhaiter de mieux. L'ensemble est bien plus accrocheur, l'ambiance plus "accessible", Gregor Mackintosh s'en donne à coeur joie niveau solo (limite trop même !), et le disque regorge de nombreuses petites mélodies touchantes qui lui conférent cette aura si particulière. De plus l'ensemble se révèle vraiment homogène, tous les titres apportant leur pièces à l'édifice... Seulement voilà, cela sonne clairement daté, a force d'être copié l'original finit par ne plus avoir la même saveur... Car si j'aime énormément ce disque, les amateurs "actuels" de musiques sombres ne le trouveront pas assez sombre, les gothiques pas assez gothiques, les metalleux pas assez violent... (gutsofdarkness.com).


TRACKLIST:

A1Gothic
A2Dead Emotion
A3Shattered
A4Rapture
B1Eternal
B2Falling Forever
B3Angel Tears
B4Silent
B5The Painless
B6Desolate





Led Zeppelin - Physical Graffiti






LED ZEPPELIN - PHYSICAL GRAFFITI (1975)
Swan Song ‎- SSK 89 400 - (Germany)



L’auteur de cette chronique tient à préciser qu’il est raide dingue du disque en question. S’il devait partir en exil sur une île déserte avec seulement une poignée de disques pour subsister, l’auteur emmènerait sans aucune hésitation la présente œuvre. C’est vous dire à quel point il est objectif sur la question. Il vous prie donc par avance de bien vouloir l’excuser pour les éventuelles envolées et autres exagérations dont il a le secret. Mais bon, vous savez ce que c’est, parfois plus que la raison c’est le cœur qui parle.


Eté 1993.
Des lunettes, de l’acné, un appareil dentaire, des poils qui poussent de partout et assez d’hormones pour avoir envi d’enculer un éléphant. Tout fait chier, rien ne va, j’ai la rage, ma vie est nulle et je déteste tout le monde. Sauf mes groupes chéris et mon meilleur pote chez qui je squatte autant que possible.

Je connais tous mes albums par cœur, j’en ai usé les bobines de ma montagne de K7 enregistrées, j’ai épuisé les discothèques de tous mes potes et saoulé à peu près tout le monde sur tout ce qui pourrait s’apparenter plus ou moins à la sphère Hard Rock. Bref, je suis en manque de « chair fraiche ». Tel un camé sans sa dose, j’en suis réduit à fouiner dans la collection de vinyles du père de mon pote. Un ancien Rasta, collectionneur de tout ce qui a plus ou moins effleuré les seventies. Doit bien y avoir un truc la dedans qui pourrait me faire tenir un peu…

Puis je tombe sur « ça ». Le titre de l’album ne me saute pas de suite aux yeux. Tiens ? Un album de LED ZEPPELIN ? J’expose mon immense savoir à mon pote qui s’en fout royal :
« Je connais bien LED ZEPPELIN. C’est un vieux groupe de Hard à peu près culte. C’est eux qu’on fait « Stairway to Heaven ». C’est pas mal, un peu mou du genou, mais c’est de la bonne musique… (Un temps) En tout cas, cette pochette m’intrigue… »

Je sors le vinyle de sa pochette sous les yeux inquiets de mon pote.

« Putain, fais gaffe, mon père va me tuer si tu l’abimes »
« T’inquiètes. Et arrêtes de flipper, tu me rends nerveux »

C’est vrai qu’il me rend nerveux ce con. J’en tremble légèrement quand je place la chose sur le tourne-disque du paternel. Du coup, le diamant saute directement à la plage 2 et « Custard Pie » résonne dans le salon.

Il arrive parfois qu’une musique vous happe littéralement. Sans raison rationnelle, vous donnant l’impression que chaque note fait partie intégrante de votre être depuis toujours. LED ZEPPELIN m’aspire complètement dès la première seconde, le sol se dérobe sous mes pieds tandis que la batterie de Bonzo soulève mon cœur à chaque martèlement. PAGE déboule et je frissonne. La voix de PLANT résonne et je me pisse dessus pour de bon.

« Eh oh !!! Ca va pas ? Tu te sens bien ? »
« Un peu que ça va. Ca va super bien même… (Un temps) Tu crois que ton père me prêterait ce vinyle ? »
« AH AH AH AH Tu rêves !!! »

Mieux vaut s’adresser directement au bon Dieu qu’à ses saints. Je prends le vinyle sous le bras et je file voir le paternel.

« C’est un très bel objet que t’as sous le bras. J’ai fait tout l’été 1977 en Guadeloupe avec ce disque. Faut pas l’abimer, tu comprends. Ça nécessite du bon matos avec un bon diamant et je suis à peu près sûr que ta platine va me le flinguer. Donc non, je regrette, tu l’embarques pas. »

Enfoiré, va.

« Par contre, ce qu’on peut faire, c’est que tu l’enregistres avec ma chaîne sur une K7 vierge comme ça je suis à peu près sûr que tu vas pas me le flinguer. Il doit rester des BASF Chrome 90 à coté de la chaîne. »

Sympa, finalement le vieux.

Je file ventre à terre jusqu’au salon, je sens presque le vinyle battre contre mon cœur. A moins que ce ne soit l’inverse.

Ce coup-ci je fais gaffe à bien caler le disque pour l’enregistrement et « The Rover » résonne dans la pièce. Je m’assois en tailleur et médite sur chaque note dans un silence religieux. Le tournoiement de la bobine qui enregistre m’hypnotise, c’est à peine si j’entends mon pote hurler :

« Eh oh !!! Tu vas pas rester toute l’après midi à vérifier que ça enregistre bien ? »
« Je vérifie que dalle, je médite »

Il soupire et se casse.

Une fois l’enregistrement terminé, je rentre chez moi m’enfermer pour déguster encore et encore cet album fou, intense, magnifique, dément. Sur ma bécane de compétition (un 386 DX 33 4 Mo de RAM attention) avec Civilization en 256 couleurs, ce sera un bel été. Les journaux de l’époque n’en ont pas parlé, mais l’Emperor Canard a conquis le monde avec les Zimbabwéens à 333 %. Les américains ont été réduits en esclavage sur fond de « Kashmir » et on a botté le cul des germains en vibrant sur « Ten Years Gone ».

(…)


15 ans ont passé, LED ZEPPELIN est toujours magique et cet album, en particulier, absolument inusable. De la race des « grands » albums, intemporel et divin, de ceux qui traversent le temps, font fi des modes pour venir s’inscrire naturellement au panthéon du Rock.

Comme pour toutes les légendes, l’histoire commence mal : un accouchement dans la douleur, un groupe à bout de souffle, au bord de l’implosion et un drame qui se profile à l’horizon. Comme pour asseoir un peu plus son ascendance divine et ce décorum « Shakespearien », Physical sera le dernier véritable album de LED ZEPPELIN. Sans doute leur meilleur.

Le meilleur album du plus grand groupe de Hard Rock de tous les temps.

Vous voyez l’enjeu ? Dire que tout cela s’est passé entre 1974 et 1975 et que depuis aucun groupe n’a fait mieux… Ca en dit long sur la décrépitude du Hard Rock, non ?

Lancé dans sa quête du titre « parfait », LED ZEP égraine les perles de toutes sortes et frôle les cieux. Au sein de cet album « patchwork », l’épique côtoie le mystique tandis que les délicatesses Folk rebondissent sur un Heavy d’antan. Sans le savoir, alors qu’il était question à l’origine de « fillers » et d’album de crise, le ZEP se résume et expose tout l’étendue de son talent à travers un double album aux facettes innombrables.

Devant cet amoncellement de merveilles, il serait fastidieux de tout énumérer, de tout vouloir dire et de résoudre les jeux de piste. Entre le maudit « In my Time of Dying » et ses 11 minutes de défouloir « Bonzoienne », le fascinant « In the Light » (le « Stairway 2 » secret du groupe) ou encore le magnifique « Ten Years Gone » dont la mélancolie acoustique continue de me hanter encore aujourd’hui… Il y a matière à s’extasier et à se répandre abondamment. Indéfiniment. Inlassablement.

Cet effet « patchwork » fait plus que résumer les choses, il transcende l’album tant musicalement que spirituellement et apporte un nouvel éclairage sur le dirigeable. Chaque titre de cette œuvre glisse doucement comme une pièce d’un immense puzzle. De « Private Jokes » à la crise mystique en passant par le coup de gueule et tout un tas d’états d’âmes, LED ZEPPELIN multiplie les registres et brosse un autoportrait fascinant, une synthèse de son œuvre aux connotations tantôt bluesy, tantôt folk sans jamais se départir de ce « groove » incroyable qui rend son « Rock dur » si facile.

De ce papillonnage électrique, on pourrait craindre la dispersion et les disparités. Il en ressort un bloc à la cohérence absolue, impressionnant et surtout désarçonnant, peu habitués que nous sommes à voir un tel amoncellement, une telle densité de trésors nous tomber au coin des oreilles. Pour parfaire la force de cet album, il fallait bien entendu un « son ». Les mois de studio et de tergiversations techniques ont porté leurs fruits pour un rendu à la fois rocailleux, explosif, lourd et précis, rendant honneur au moindre riff pour que le résultat soit conforme à la légende. Et que celle-ci rattrape le mythe.

Le mythe, parlons-en. Kashmir, le titre que tous groupes rêvent de faire un jour : unique et magique. Un riff universel et une envie de fusionner l’Orient et le Rock dans un grand tout cosmique. Ce pont si lumineux, s’il nous rappelle le goût du ZEP pour l’ésotérisme, témoigne surtout d’une inspiration et d’une force incroyables. A propos de la batterie et du rythme si particulier de Kashmir, PAGE expliquera : « Ce que fait Bonzo sur « Kashmir » est absolument fantastique et, surtout, ce qui est le plus génial, c’est ce qu’il ne joue pas, c’est ce qu’il ne fait pas. Mais il fait tourner ce titre… ». Lorsque gamin, j’ai lu cette phrase dans une encyclopédie du Rock, assis en tailleur sur mon lit, méditant sur cette phrase mystérieuse, j’ai écouté en le morceau boucle pendant des heures tentant à chaque « Repeat » de percer cette énigme avec mes modestes moyens intellectuels. Faute de compréhension, je me délectais de ce « beat » dingue, hypnotisant, ensorcelant. Ce n’est que bien des années plus tard que le puzzle « Graffiti » prit tout son sens. Que cette phrase de PAGE se révéla lumineusement au détour d’un bang dantesque.

Bien entendu, l’album – lui - est resté toujours aussi énorme. Et il le restera.
(Metal Nightfall-CanardWC).





TRACKLIST:

A1       Custard Pie 
A2       The Rover    
A3       In My Time Of Dying          
B1       Houses Of The Holy          
B2       Trampled Under Foot        
B3       Kashmir        
C1       In The Light 
C2       Bron-Yr-Aur 
C3       Down By The Seaside      
C4       Ten Years Gone     
D1       Night Flight  
D2       The Wanton Song 
D3       Boogie With Stu     
D4       Black Country Woman
D5       Sick Again   





Red Hot Chili Peppers - By The Way




RED HOT CHILI PEPPERS - BY THE WAY (2002)
Warner Bros. Records ‎- 9362 48140-1 - (Germany)

Comme aurait dit un jour mon pote le berger à propos de cet album : "Mais pourquoi tant de haine ?"

Il y a 10 ans, quand j'ai découvert le quatuor par le biais des clips (complètement barjos, au passage) de ce "By The Way" controversé, je me disais que ce groupe n'avait fait que la Pop/Rock californienne jusqu'à présent... Les RED HOT s'étaient donc illustré dans un registre qui mélangeait Funk et Hard Rock jusqu'à "Californication", leur précédent album où les fans de la première heure ont quitté le navire. Et ce fut encore pire avec celui-ci à en voir la moyenne des commentaires...

Et pourtant. Moi, ce "By The Way", je lui trouve beaucoup de qualités. J'irai même jusqu'à dire que c'est l'un des meilleurs du groupe si personne ne vient me sautiller sur les valseuses avec des Rangers. Comme le dit Baazbaaz, bien sûr ce n'est plus du Metal. On pourra toutefois objecter que quelques titres font un peu tâche sur ce disque : "Universally Speaking" me donne envie de fuir, "Dosed" est désespérément chiante, "Don't Forget Me" tourne en rond, et "I Could Die For You" que je trouve décidément bien fadasse...

Par contre, je trouve le reste très écoutable pour du RHCP actuel. Tonton gigotera toujours comme un aliéné sur l'ahurissante chanson-titre et son explosion de décibels, Tonton se soulagera toujours sur le langoureux "Tear", Tonton reposera toujours ses ouïes sur le posé "This Is The Place"... Le clip de "Zephyr Song", chanson dans le pur esprit californien et l'une des meilleures, fera le bonheur des épileptiques. "Can't Stop" (sacré tube), "Cabron" (olé !) ou "On Mercury" (un petit faible pour l'harmonica) sont très pêchus pour pouvoir remuer dans tous les sens, tandis que "Midnight" ou "Warm Tape" se démarquent par des arrangements originaux. Enfin, l'album s'achève sur le très bon "Venice Queen" avec sa transition efficace.

Tout ça pour dire que oui, j'aime beaucoup ce "By The Way", bien plus que d'autres albums à scandale comme "Californication" ou "Stadium Arcadium". La voix d'Anthony Kiedis me saoule par moments (le grand bassiste qu'est Flea est pire encore niveau chant), mais les quatre Californiens ont sorti là un album qui a du charme, dont la force réside dans sa variété au niveau des compositions. Plus un seul riff métallique certes, mais pour ma part je trouve que les RED HOT évoluent bien à travers ce huitième disque. Bref, beaucoup de fraîcheur qui se dégage de ce "By The Way". (TontonClem).



TRACKLIST:

A1By The Way
A2Universal Speaking
A3This Is The Place
A4Dosed
B1Don't Forget Me
B2The Zephyr Song
B3Can't Stop
B4I Could Die For You
C1Midnight
C2Throw Away Your Television
C3Cabron
C4Tear
D1On Mercury
D2Minor Thing
D3Warm Tape
D4Venice Queen






dimanche 20 juillet 2014

AC/DC - Stiff Upper Lip




AC/DC - STIFF UPPER LIP (2000)
Columbia ‎- 88843049281 - (Europe)

Faire le tour de la décennie musicale du côté hard rock sans parler des cadors indéboulonnables et leaders incontestables du genre paraît aussi improbable qu'inimaginable. Même si les sorties du groupe se font de plus en plus rares, même si dorénavant leur unique occupation semble être de remplir des stades les uns derrières les autres, autant se replonger directement aux balbutiements des années 2000, date de la sortie du quinzième album des australiens, à une époque ou Internet n'avait pas encore envahi notre espace vital et que la seule et unique chance d'avoir un aperçu de ce Stiff Upper Lip était de traverser la bande FM jusqu'à tomber sur une émission animée par Zegut et d'attendre qu'il sorte ses enregistrements de "Safe In New York City" pompées sur un vieux magnétophone. Et à l'heure de coucher ces lignes, non sans nostalgie, on se remémorera de cette soirée, quelques heures avant la sortie mondiale de l'album, où notre Tonton préféré nous faisait écouter tout cela avant l'heure. Et huit fois d'affilé. Le genre de soirée qui ne risque plus de se reproduire de sitôt mais qui laisse un souvenir impérissable.

Epaulé par le grand frère Young à la production (George) en lieu et place de Rick Rubin remercié après le controversé Ballbreaker, Stiff Upper Lip laisse éclater au grand jour ce que tout le monde savait déjà. La musique d'AC/DC prend sa source dans le blues le plus primaire et les grands pères comptent bien enfin se faire plaisir sans se sentir obligés de ressasser leur sempiternel hard-boogie. Et cet album est une franche réussite, n'en déplaise aux fans de la première heure, qui s'empressèrent de vendre la peau des Boyz, jugeant les douze titres indignent et mollassons sans se rendre forcément compte de la richesse de l'ouvrage.

S'ouvrant sur le désormais mythique "Stiff Upper Lip", les deux frangins semblent prendre un malin plaisir à dérouler des riffs et des rythmiques sobres et efficaces. Preuve en est le groovy "Meltdown", avec ses guitares sautillantes sous les coups de baguettes bien appuyées de Phill Rudd, "House Of Jazz" et son tempo ralenti aux faux airs de blues sinueux débouchant sur une montée en puissance plus traditionnelle ou encore "Satellite Blues" sonnant comme un classique du genre dès son premier passage. "Can't Stand Still" reprend un peu les choses là ou "The Razor's Edge" les avaient laissées en laissant le soin à Malcolm de s'occuper du solo alors que "Can't Stop Rock' N' Roll", "Damned" et "All Screwed Up" s'avèrent aussi fédérateurs que poussiéreux et burinés par le soleil. Rien ne sert de s'exciter car au final le métronome ne décolle que rarement, osant une petite accélération pour l'autre tube de l'album qu'est "Safe In New York City" ou pour clôturer comme il se doit ce Stiff Upper Lip avec "Give It Up", sonnant comme du AC/DC première jeunesse.

Avec un peu de recul, on se rend compte qu'à travers cet album il n'a jamais été question de donner leur ration de hard aux hordes de fans du groupe. Après vingt-sept ans de bons et loyaux services, le combo australien s'est enfin décidé à faire un disque à son image en sortant un des albums les plus matures de sa carrière. Certes, on reste loin des monuments que peuvent être Highway To Hell ou Back In Black, mais Stiff Upper Lip soutient largement la comparaison face au reste de la discographie. De toute façon, un album moyen d'AC/DC sonnera toujours mieux que la meilleure production de n'importe lequel des jeunes loups actuels. Ce n'est pas pour rien qu'ils sont dans ce business depuis tout ce temps. (Jerome-Album Rock.net).


TRACKLIST:

A1Stiff Upper Lip3:34
A2Meltdown3:41
A3House Of Jazz3:56
A4Hold Me Back3:59
A5Safe In New York City3:59
A6Can't Stand Still3:41
B1Can't Stop Rock'N'Roll4:02
B2Satellite Blues3:46
B3Damned3:51
B4Come And Get It4:02
B5All Screwed Up4:36
B6Give It Up3:53