KING CRIMSON - USA (1975)
Polydor - 2310 523 - (France)
En 1974, KING CRIMSON est mort, la tête haute avec Red,
sommet de noirceur et de désespoir. Et du coup, c'est l'heure de faire les
comptes : un groupe majeur d'un style qu'il a «officiellement» créé - j'insiste
sur les guillemets -, des albums studio plus intéressants les uns que les
autres (surtout Lizard, Larks' Tongues In Aspic et Red), un live atroce
(Earthbound), aucune compilation et l'image d'un groupe parti avant que le rock
progressif ne déraille. Revenons sur ce live raté, d'ailleurs. La performance
du groupe était sans aucun doute géniale, mais l’enregistrement était digne
d'un bootleg de mauvaise qualité, ce qui n'est pas à l'avantage d'un groupe
vraiment exceptionnel en concert. Robert Fripp laisse donc la maison de disques
publier un nouvel album live, et de bonne qualité, qui plus est : il s'agit de
laisser une trace du crimso' de 1973-1974, et de ne pas laisser les fans sur
leur faim en ce qui concerne les albums live.
Sorti en 1975, l'album propose donc des titres joués en live
lors de la tournée promotionnelle de Starless And Bible Black à Asbury Park et
Providence, d'où le nom de l'album. Et là où je hurle, c'est qu'en plus des
enregistrements live, des overdubs de piano et violon ont été rajoutés au
mixage ! Certes, c'est le grand Eddie Jobson (ROXY MUSIC, UK) qui s'en charge,
mais ça n'excuse en rien cette décision ! Mais bon, passons là-dessus et
apprécions l'album. Des choix ont dû être faits, puisque l'album est simple,
mais à part Lament, comment se plaindre ? La moitié de Larks' Tongues In Aspic
est présente, ainsi qu'une impro et – c'est inévitable à cette époque – le
fameux "21th Century Schizoid Man" (le seul enregistré à Providence,
d'ailleurs). Il ne faut pas non plus oublier l'intro extraite de (NO
PUSSYFOOTING), l'album issu de la collaboration entre Fripp et Brian Eno, le
génie de l'ambient.
Quant à leur interprétation, elle est de haute volée, avec
des musiciens à la hauteur des espérances, les titres ne s'écoutent pas avec
douleur en concert alors qu'en studio c'est génial. Mais le roi ne nous ménage
pas. En effet, sitôt le court morceau d'intro joué, le groupe commence direct
avec "Larks' Tongues In Aspic Part II", dont la réputation n'est
clairement plus à faire : l'interprétation est brute, sanglante et sans concession;
il se calme avec "Lament", que je n'ai jamais aimé et qui ne trouve
pas plus grâce à mes yeux ici, clairement, c'est le point noir du disque, son
remplacement par un autre titre issu de Starless And Bible Black semble une
évidence. En revanche, "21th Century Schizoid Man" et surtout
"Exiles" sont quant à eux magnifiés en concert : sur le premier, les
musiciens se déchaînent comme pas permis, le violon de David Cross est
nettement supérieur au saxophone d'Ian McDonald, et le deuxième se dote d'une
intro plus efficace et chargée émotionnellement que sa version studio. Les fans
du crimso' adorent, les autres ne peuvent rester insensibles au violon triste
et à la voix sublime de John Wetton. On n'oubliera pas "Asbury Park",
impro déjantée avec l'incroyable break de Bill Bruford pour ouvrir un morceau
qui, s'il n'atteint pas toutefois la grande qualité des impros de Starless And
Bible Black, reste énorme. Seul regret, le mixage défavorisant Cross.
J'aimerais maintenant revenir sur "21th Century
Schizoid Man", ou plutôt sur sa position : en effet, il se trouve en
dernière position (les possesseurs du vinyle confirmeront), ce qui confère une
charge symbolique importante au disque, puisqu'il s'agit du premier morceau de
In The Court Of The Crimson King, et en remontant plus loin, ce fut le premier
morceau joué par le groupe. Il s'agit donc d'un signe fort, Robert Fripp ayant
donc décidé de finir par le commencement. Bien joué.
USA est donc le dernier ouvrage original de KING CRIMSON,
que même l'acquisition de The Great Deceiver et The Night Watch ne peuvent
rendre obsolète de par sa valeur symbolique; l'année suivante, une compilation
de la première vie de King Crimson sera publiée, et son principal intérêt sera
une version de "I Talk To The Wind" chantée par Judy Dyble, la
première chanteuse de Fairport Convention, assez plaisante au passage. (Waltersmoke - FP).
TRACKLIST:
TRACKLIST:
A1 | Larks' Tongues In Aspic Part II | 6:45 | |
A2 | Lament | 4:05 | |
A3 | Exiles | 7:04 | |
B1 | Asbury Park | 6:50 | |
B2 | Easy Money | 6:32 | |
B3 | 21st Century Schizoid Man | 7:32 |
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