jeudi 22 février 2018

Genesis - Duke



Genesis ‎– Duke
Rhino Records ‎– R1 188412 – Limited Edition, Remastered, 180 Gram
US 28 Apr 2015


And Then They Were Three... annonçait la couleur, il fallait désormais compter sur un véritable "pop-band". Cet album n'était pas si mauvais que ça en fin de compte, il avait une ambiance, une âme, il contenait même quelques morceaux magnifiques, épris de mélancolie. Seulement, il était terriblement mal agencé, avec une alternance "un rock - une ballade - un rock - une ballade" le rendant indigeste, pénible à écouter en entier et des fautes de goût qui ont largement contribué à sa mauvaise réputation. Genesis n'était pas le seul groupe progressif à avoir simplifié sa musique en 1978, Yes, Emerson Lake And Palmer et même Magma l'avaient fait aussi (sur Tormato, Love Beach et Attahk). L'évolution technologique des claviers était déjà en marche, préparant le terrain avant la décennie 80.

Curieusement, Genesis redresse la barre en 1980 avec Duke, un album servant de passerelle entre passé et avenir, entre les expériences progressives de retour et le style pop-rock tel qu'il se présentera sur les albums suivants. De ce fait, Duke est un peu à part dans la discographie de Genesis, toute sa richesse vient de ce mélange pop-prog unique, un peu comme Yes l'avait fait sur Drama. Dans les deux cas, cet exploit ne sera jamais réédité ce qui est bien dommage, il aurait été préférable de poursuivre sur cette voix, enfin c'est un autre débat !

D'emblée, la production apparaît tout de suite moderne, ce qui n'était pas vraiment le cas de celle d'And Then They Were Three..., et même si elle a un peu vieilli aujourd'hui, elle traduit bien la volonté de Genesis de se mettre à la page comme on dit. Tony Banks domine l'espace sonore et Mike Rutherford est discret à la guitare, une fois n'est pas coutume. Et Phil Collins est enfin devenu un chanteur à part entière, avec sa voix qui a acquis plus de force et de caractère, loin de la mollesse d'A Trick Of The Tail et Wind & Wuthering à l'époque où il était encore dans l'ombre de Peter Gabriel.

Duke est assez difficile à cerner au premier abord, la faute à quelques baisses de régimes dissimulées ici et là, et surtout sur la seconde face. Quelques résidus de la période And Then They Were Three... subsistent, on se serait bien passé d'une ballade comme Alone Tonight, de même que le refrain de Man Of Our Times s'inscrit dans ce registre larmoyant. Cul-De-Sac n'est pas non plus un chef-d'oeuvre à proprement parler, typiquement Banksien dans sa construction avec les claviers.

A côté de ça, on a du grand Genesis, toujours ambitieux, même à trois : si l'emblématique Turn It On Again est assez simple, direct et rock comme le sera la suite de leur carrière, ce morceau n'est rien à côté des sommets d'émotion que constituent les ballades Please Don't Ask (oui, on est encore dans le style And Then They Were Three...) et Heathaze (superbe basse !), et bien entendu l'introduction et le final, tous deux dans une veine progressive évoquant un passé désormais lointain (Behind The Lines, Duchess, l'instrumental Duke's Travels/Duke's End qui reprend au passage quelques thèmes de l'album, pour un résultat encore meilleur que Los Endos), sans oublier l'excellent single Misunderstanding, le premier... non en fait le deuxième si on inclue le minable Follow You, Follow Me d'une longue série de hits souvent réussis pour le Genesis des années 80, il faut bien avouer qu'ils seront très forts à ce jeu là.
Vous l'aurez compris, Duke est un des meilleurs albums de Genesis avec Phil Collins, voire toutes périodes confondues, malgré quelques lourdeurs, la faute à un précédent album dont le souvenir est parfois pesant. Mais pour une fois qu'un album avec Phil Collins fait l'unanimité, satisfaisant à la fois les vieux fans comme ceux arrivés sur le tard, on ne va pas s'en plaindre. (David – FP).






TRACKLIST :

A1       Behind The Lines
A2       Duchess
A3       Guide Vocal
A4       Man Of Our Times
A5       Misunderstanding
A6       Heathaze
B1       Turn It On Again
B2       Alone Tonight
B3       Cul-De-Sac
B4       Please Don't Ask
B5       Duke's Travels
B6       Duke's End




mercredi 21 février 2018

Trisomie 21 - Elegance Never Dies.





Trisomie 21 ‎– Elegance Never Dies
Chromo Music Production ‎– CMP 005 – France – 2017


Ce groupe m’a marqué depuis que je l’ai découvert, à la fin des années 80, avec l’album « Million lights ». Ça ne ressemblait à rien de connu pour mon oreille. Une structure étrange pour un album, mélange de chansons, de musiques et d’ambiances qui m’avaient dérouté. Je ne savais pas s’il s’agissait d’un groupe, d’une B.O.F ou d’une autre expérience musicale. Plus tard, j’ai appris que Trisomie 21 était « né » à quelques kilomètres de chez moi. C’est à Denain qu’Hervé et Philippe Lomprez ont édité leurs premiers morceaux en 1981 et ont conquis le public Nord Européen avec une musique froide illustrant le climat social, économique, industriel et culturel de l’époque.

Vite devenu fan, je me suis procuré tout ce qu’ils avaient produit jusqu’alors. Leur musique, certes classée dans la New Wave-Cold Wave, ne répondait à aucun code du genre. Différente à chaque album tout en gardant une même empreinte, inspirant des choses étranges, des ambiances, des images…un senti et ressenti encore plus vrai lors de la sortie de « Plays the Pictures », un album presque entièrement musical…

J’ai suivi leur parcours, d’album en album, jusqu’en 1997 avec la sortie du magnifique « Gohohako »…. Puis, le groupe se fit silencieux jusqu’en 2004 avec la sortie de « Happy Mystery Child » et une approche singulière de la musique électro et le très bon « Black Label » en 2009 où le groupe se plut à prendre un virage rock. De mon côté, je ne ressentais plus l’émotion qui me liait à leur musique…

Lorsque j’ai appris que Trisomie21 sortait un nouvel album, je me suis tenté à l’acheter, n’ayant pu résister à la tentation de m’offrir ce 11ème opus enregistré dans le plus grand secret ! Le titre de cette oeuvre, « Elegance Never Dies », y est sûrement pour quelque chose avec l’espoir aussi de retrouver le ressenti souvenir, qui semblait ne pas s’être effacé totalement. 20 ans après, je retrouve le Trisomie 21 que j’aimais tant ! « Elegance Never Dies » repart là ou s’était arrêté « Gohohako ».



Le premier titre « Where Men Sit » ouvre l’album de manière sobre et puissante. La flamme s’est vraiment ranimée avec le deuxième titre « Our Trip ». Les sons, les ambiances délicates, flottantes, aériennes me rappellent les belles émotions passées. Puis, la suite offre de magnifiques surprises : des intro sublimes, « Something Else », le retour du mythique « Is Anybody Home ? » dans sa 5ème version déclinée en une version chant et une autre instrumentale, « During All These Years » et son intensité musicale très cinématique, « Alice », à placer dans le top 10 de leur carrière. Chaque titre suscite de belles humeurs, délicates, intenses.  « Elegance Never Die » est un condensé miraculeux de l’univers de Trisomie 21. J’y retrouve chaque période du groupe, des clins d’œil, des émotions, de la délicatesse et de la force. Tout y est sans que cela ne sente le réchauffé et il est clair que l’Elégance ne meurt jamais, elle est bien au rendez-vous, intemporelle et pleine d’avenir. Une merveille à écouter en boucle. (Chroniqueur : Vincent Vince Picozine)





TRACKLIST

A1       Where Men Sit        
A2       Our Trip        
A3       No Man Can Imagine        
A4       Something Else      
A5       Is Anybody Home? (Part 5)          
B1       During All These Years    
B2       Over The Noisy Keys        
B3       Rebirth         
B4       Tender Now 
B5       Alice  
B6       Is Anybody Home? (Part 5 Instrumental)






jeudi 15 février 2018

The Jesus And Mary Chains - Psychocandy


The Jesus And Mary Chain ‎– Psychocandy
Blanco Y Negro ‎–  BYN 7, UK & Europe Nov ‎–  1985



Psychocandy n’est pas seulement un disque culte: c’est un disque clé. Un disque qui permet de comprendre toute une scène, et même peut être deux. La scène no-wave et le shoegaze.
La première, pour son goût immodéré pour les distorsions de guitare et une recherche sonore qui s’éloigne sur les terres obscures de la noise. La seconde, pour cet aspect rêveur, hypnotique, souvent mélancolique et parfois dépressif.

Les JESUS AND MARY CHAINS représentent cette idée de mélanger la douceur et la rugosité que peut produire la musique. La noise pop qu’on appelle ce style ? C’est tout à fait ça. Fusionner le beau et le laid pour le meilleur des résultats.
L’idée n’est pas neuve mais elle n’a jamais était poussée aussi loin. Le VELVET UNDERGROUND faisait cohabiter sur un même album ses sucreries pop et ses dérives bruitistes, mais à aucun moment elles ne se retrouvaient sur un même morceau.
Les frères Reid s’appliquent à le faire ici et posent par la même occasion les bases du shoegaze.
MY BLOODY VALENTINE n’existerait pas sans eux, avec son spleen et son mur de son.

La musique reste tout de même bien plus brute que les enfants qu’elle engendrera plus tard. Les guitares hurlent et n’hésitent pas à accoucher de larsens à faire fuir l’auditeur lambda à moins d’être rompu au noise rock le plus cru.
Il s’agit d’un album extrême qui ne plaira qu’à quelques initiés alors ? Pas vraiment, puisque les mélodies sont présentes. La bande tisse des morceaux pop saupoudrés d’attaques noises aptes à faire grimacer les moins courageux. Des mélodies sucrée que n’aurait pas renié un Lou REED, avec ce côté dépressif typique de la cold wave et ce minimalisme propre au post punk.
Ce sont justement les seuls liens qu’entretient le groupe avec son époque : les années 1980.

Alors qu’on reproche à cette décennie ses synthétiseurs, ses productions froides et clinquantes. Cette joyeuse troupe va totalement dans le sens opposé avec un disque mal produit et dissonant. En réalité, c’est de l’ignorance pure et simple. Ceux qui croient que le groupe était un cas particulier dans le paysage musical de l’époque n’ont sûrement pas jeté un regard en dehors du top 50.
Cette décennie possédait pourtant un underground vivace et très éloigné d’un DURAN DURAN ou encore de MADONNA. SONIC YOUTH et les SWANS, cela ne vous dit rien ?
Des préjugés qui ont encore cours aujourd’hui et c’est bien malheureux, puisque que ce sont ces groupes qui vont forger le son des années 1990… Et qui inspira les années 2000 aussi.

Mais pour Psychocandy, la recette est simple : du sucre et du sel pour aboutir à un mélange délicieux et pourtant contre nature sur le papier (le titre de l'album n'est-il pas déjà explicite à ce sujet ?). C’est cette raison qui pousse ce disque vers le haut, et en fait une des plus grande réussite de cette décennie.

Les oreilles chastes devront s’abstenir. Quand aux plus sceptiques, je leur recommanderais d’écouter la ballade « Just Like Honey » pour montrer le talent de ces mélodistes hors pairs. Et « In A Hole », pour ceux qui sont à la recherche de sensations fortes.

Psychocandy, un album ambigu et c’est pour ça qu’il est si bon. Attention ! Protégez-vous les oreilles, les larsens arrivent ! (SEIJITSU –FP).




TRACKLIST :


A1       Just Like Honey     
A2       The Living End       
A3       Taste The Floor
A4       The Hardest Walk
A5       Cut Dead
A6       In A Hole
A7       Taste Of Cindy
B1       Never Understand
B2       Inside Me
B3       Sowing Seeds
B4       My Little Underground
B5       You Trip Me Up
B6       Something's Wrong    
B7       It's So Hard