TEARS FOR FEARS - ELEMENTAL (1993)
Mercury – 514875-1 - (United Kingdom)
Mercury – 514875-1 - (United Kingdom)
TEARS FOR FEARS aura marqué une décennie. Géniteurs des
formidables "Woman In Chains" et "Pale Shelter" ou encore
des célèbres "Shout", "Mad World" et "Everybody Wants
To Rule The World", les Anglais surent se montrer très inspirés sur trois
albums aussi variés que qualitativement irréprochables. Et si Songs From The
Big Chair reste leur album phare, ma préférence ira toujours vers le suivant,
qui s'impose définitivement comme l'un des albums me faisant le plus vibrer au
monde, je parle bien sûr de l'incroyable The Seeds Of Love, sorti en 1989.
Plus par souci d'image que de transparence artistique, le
groupe s'était affiché depuis le début comme l'oeuvre d'un duo devenu
mécaniquement mythique : Roland Orzabal et Curt Smith. Il n'échappait cependant
à personne que le véritable maître de la
machine TEARS FOR FEARS n'était en réalité personne d'autre que Roland Orzabal,
talentueux guitariste, incroyable chanteur et compositeur, et sans doute
implacable dictateur. Du point de vue de la créativité, c'était donc (et de
loin) ce dernier qui s'exprimait le plus, régulièrement aidé par Ian Stanley ou
Nicky Holland cependant peu médiatisés à l'époque. Les pochettes de Songs From
The Big Chair et Seeds Of Love en disent long : seuls Curt et Roland y
figurent.
Pourtant, si on met de côté ses talents de bassiste, Smith
se montrait quelque peu fantômatique niveau compositions. "Head Over
Heals" (1985) et "Sowing The Seeds Of Love" (1989) furent ses
seules oeuvres au sein du groupe, mais ces titres étant parmi les meilleurs de
leurs albums respectifs, on pouvait imaginer que le musicien préférait se
concentrer plutôt sur la qualité que sur la quantité. Bon. Cette démarche,
avérée ou non, ne plût pas à Rolad Orzabal puisqu'il accusa son vieil ami de ne
pas s'impliquer assez dans leur groupe, notamment pendant la conception de
Seeds Of Love (1989). Les tensions provoquèrent le départ plutôt froid de Curt
Smith, laissant Orzabal seul maître à
bord. Ce qui finalement n'allait pas changer grand-chose, pouvait-on
imaginer.
Elemental pourrait être considéré comme le premier album
solo de Roland Orzabal, et connaîtra bien moins de succès que ses
prédécesseurs. D'un point de vue commercial, l'âge d'or du groupe s'acheva avec
l'opus de 1989. Qu'en est-il qualitativement parlant ?
"Break It Down Again", premier single d'Elemental,
qui sera le dernier tube international de TFF, se veut plus simple et
fédérateur qu'un "Woman In Chais", et accentue davantage le côté
"fraîcheur spontanée" qu'évoquaient "Everybody Wants To Rule The
World" ou "Advice For A Young At Heart". La réussite est réelle,
le titre est inspiré et plaisant.
L'album s'ouvre sur la chanson titre, hallucinante de classe
et de beauté, notamment sur sa première minute. Une certaine froideur se dégage
du titre, mais Orzabal frappe surtout par la maîtrise de son sujet : Elemental
ne sera pas l'album hésitant de TEARS FOR FEARS, résultant d'une séparation
précoce et déchirante. Le chanteur semble confiant et à l'aise, et nous signe l'un des meilleurs
morceaux de sa carrière. On y retrouve ces fameux arpèges de guitare
frissonnants, et bien sûr la voix cristalline et envoûtante de ce véritable
génie musical qu'est Roland Orzabal.
Elemental est un bon album. Le fait qu'il le soit moins que
ses illustres prédécesseurs ne tient pas du départ de Curt Smith, mais plus
d'un léger et simple essoufflement de son créateur, qui n'arrivera pas à donner
aux 10 compositions de l'opus le même niveau qu'à la première. Plus généralement, l'album a une
structure qualitative grossièrement décroissante : les quatre meilleurs titres
sont tout en fait les quatre premiers, avec notamment un "Mr. Pessimist",
riche et subtil, de toute beauté.
"Cold", mais aussi les séduisants "Fish Out
Of Water" et "Goodnight Song" résument parfaitement la mentalité
du TEARS FOR FEARS à partir des années
90 : les titres se veulent simples, portés par quelques accords de guitares
enchanteurs et un refrain mélodieux.
"Dog's A Best Friend's Dog" dynamise l'ensemble,
mais semble légèrement décousu malgré une guitare très inspirée (il n'y a
qu'à écouter les riffs et le solo
inhabituellement long). Dans le moins réjouissant on citera un
"Power" qui traîne un peu en longueur ou un "Brian Wilson
Said" intéressant mais quelque peu bancal. Ces titres, plus anecdotiques,
restent agréables à l'écoute et seul "Gas Giant" est complètement
inutile. On est loin d'un "Broken".
J'aime personnellement beaucoup cet album, qui dégage une certaine
fraîcheur et ne montre que peu de faiblesse. On pourra noter que la basse est
largement audible et appréciable, et qu'on se sent donc pas de vide à ce niveau
depuis The Seeds Of Love, mais il est vrai que Smith avait un rôle bien plus
important sur les deux précédents. Quoiqu'il en soit, il n'y a finalement pas
grand-chose à rajouter sur cet Elemental qui porte l'étiquette de l'"album
de rupture" sans vraiment l'incarner. (Kid66 - FP).
TRACKLIST:
TRACKLIST:
A1
|
Elemental
|
|
A2
|
Cold
|
|
A3
|
Break It Down
Again
|
|
A4
|
Mr. Pessimist
|
|
A5
|
Dog's A Best
Friend's Dog
|
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B1
|
Fish Out Of Water
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|
B2
|
Gas Giants
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B3
|
Power
|
|
B4
|
Brian Wilson Said
|
|
B5
|
Goodnight Song
|
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