THE BEATLES - A HARD DAY'S NIGHT (1964)
Parlophone – PMC 1230 (United Kingdom)
Parlophone – PMC 1230 (United Kingdom)
Parce que tout converge alors vers eux et surtout parce que tout ce qu’ils touchent se transforme systématiquement en or, les Beatles intéressent tout naturellement l’industrie cinématographique.
C’est la firme United Artist qui empoche le gros lot en signant avec leur manager un contrat pour cinq films qui se révélera assez vite un encombrant fardeau pour les Beatles. Mais ils n’en sont pas à se plaindre, d’autant que A Hard Day’s Night, premier long métrage à honorer ce contrat, va largement contribuer à étendre et consolider leur popularité. Tourné en noir et blanc sous la direction de Richard Lester, ce film ne fait que s’inspirer fort simplement du quotidien des quatre musiciens. Il capture la folie qui les entoure durant quarante-huit heures de leur existence, entre prestations télévisées, concerts, réceptions et interviews, le tout rythmé par les incessantes courses poursuites de la meute des jeunes fans hystériques. Avant tout conçue comme un flambant étendard à leur propre gloire, cette comédie plaisante, truffée de gags, de jeux de mots et surtout de belles séquences musicales, conserve aujourd’hui encore une étonnante spontanéité et une candide fraîcheur qui l’aura préservée de l’oubli et des commentaires critiques malveillants.
Sept chansons furent composées pour lui servir de bande originale, et en particulier A Hard Day’s Night qui ne mit pas plus de vingt-quatre heures à jaillir de la pompe Lennon/McCartney après que le titre du film ait été définitivement choisi, inspiré de l’une des singulières formules de Ringo Starr. Les deux partenaires rivalisent ici de créativité puisque pour la première fois, aucune reprise ne figure sur ce disque dont on renonce à recenser les meilleurs titres, confondu par tant d’inspiration, de perfection et d’inventivité.
John Lennon est alors en total état de grâce créative et les compositions de choix pleuvent sous les cordes de sa guitare. I Should Have Known Better, Anytime At All, I’ll Cry Instead et When I Get Home sont insolentes de beauté et habitées d’un certain romantisme qu’on ne prête pas forcément à John. À côté de ces compositions solides et entraînantes, il sait aussi nous faire fondre avec If I Fell, l’une de ses plus tendres complaintes amoureuses.
Pour cette fois moins prolifique que John, McCartney tire néanmoins particulièrement bien son épingle du jeu avec une poignée de perles sauvages dont le fort potentiel commercial se vérifiera avec l’impulsif et vibrant Can’t Buy Me Love, le poignant et très mûr Things We Say Today et And I Love Her, une ballade sensible et épurée préfigurant sa remarquable maîtrise de ce registre. À quatre mains, Paul et John accouchent aussi d’un petit rock fringuant (Tell Me Why), et surtout de I’ll Be Back, qui referme l’album sur une séquence de pure grâce mélodique. Mention spéciale, les harmonies vocales qu’ils développent dans tout l’album sont absolument envoûtantes.
A hard day’s night est un grand disque des Beatles avec lequel ils ont fait oublier le phénomène médiatique au profit d’une véritable stature artistique. On peut lire alors qu’ils comptent désormais parmi les plus grands compositeurs du siècle. Prématurée mais visionnaire, la remarque s’appuie sur l’extraordinaire déploiement de ressources musicales mis en œuvre dans ce quatrième 33 tours. Le fait que la grande Ella Fitzgerald ait immédiatement enregistré une reprise de Can’t Buy Me Love donne une nouvelle et juste mesure de l’impact grandissant des Beatles dans la sphère artistique mondiale. Ils donnent désormais le ‘la’, et ont “enterré” Elvis plus vite qu’ils ne l’avaient même envisagé dans leurs rêves les plus fous. Deux ans après leurs débuts discographiques, le groupe fait ici preuve d’une maturité artistique et d’un savoir-faire qui résonnent encore aujourd’hui, comme claque encore à nos oreilles l’incroyable et mystérieux accord de George Harrison en introduction de A Hard Day’s Night, un accord qui a depuis occasionné bien du soucis à nombre de guitaristes en herbe tentant vainement de le reproduire.
François Plassat.
TRACKLIST:
TRACKLIST:
A1 | A Hard Day's Night | |
A2 | I Should Have Known Better | |
A3 | If I Fell | |
A4 | I'm Happy Just To Dance With You | |
A5 | And I Love Her | |
A6 | Tell Me Why | |
A7 | Can't Buy Me Love | |
B1 | Any Time At All | |
B2 | I'll Cry Instead | |
B3 | Things We Said Today | |
B4 | When I Get Home | |
B5 | You Can't Do That | |
B6 | I'll Be Back |
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