MANIC STREET PREACHERS - KNOW YOUR ENEMY (2001)
Music On Vinyl - MOVLP129 - 180Gr. Reissue (Europe)
Music On Vinyl - MOVLP129 - 180Gr. Reissue (Europe)
"Manic Street Preachers ? Dans le désert !" (Rires.) Voilà le genre de blagues et encore, celle-ci est plutôt d'un bon niveau qui courent depuis la nuit des temps au sujet des Manic Street Preachers dans notre beau pays.
Rarement groupe aura été ainsi au mieux ignoré, au pire vilipendé. Mais force est de reconnaître que, dans cette histoire, ils ne sont pas non plus exempts de tout reproche et qu'ils ont tendu parfois le bâton pour se faire battre. Masochistes, les Gallois ? Non, juste naïfs lorsqu'ils débarquent de leur pays natal avec une envie grosse comme ça de tout renverser sur leur passage, s'appropriant le look du Clash 77, défendant becs et ongles le (no) futur du rock alors que tout le monde s'amuse déjà à danser sur sa tombe aux rythmes d'une house débarquée d'outre-Atlantique. Entre déclarations (faussement) fracassantes "On va vendre des millions d'exemplaires de notre premier album puis nous séparer", hum... et poses abracadabrantes, entre provocations malsaines le fameux incident "4 Real" où le guitariste Richey Edwards se taillade l'avant-bras pour prouver à un journaliste suspicieux qu'il n'est pas un pantin manipulé , les Manic Street Preachers ont fini par masquer l'essentiel. Le fait qu'ils étaient avant tout un groupe plutôt doué.
Dès Generation Terrorist, les signes avant-coureurs de leur savoir-faire en matière de composition et d'inspiration au hasard, Motorcycle Emptiness et son éternel "All we want from you/Are the kicks you've given us" étaient déjà suffisamment présents pour que l'on ait envie de suivre le parcours de ces drôles de types, seulement capables de susciter haine ou dévotion. Ce qui, soit dit en passant, est en matière de rock une qualité trop souvent oubliée... Sans être forcément de "grands" disques, God Against The Soul et The Holy Bible recelaient à nouveau suffisamment de moments forts et pertinents pour que l'on ne s'explique pas tout à fait le maigre écho suscité dans l'Hexagone. Sans parler de l'indifférence qui va accueillir un prodigieux Everything Must Go pourtant de haute volée : mélodies parfaites, arrangements intelligents, orchestration maîtrisée, tout concourait ici pour accorder au quatuor devenu trio après la disparition d'Edwards le statut de "groupe indispensable", octroyé alors à certaines formations nettement moins inspirées...
Trois ans après This My Truth Tell Me Yours le plus long silence entre deux albums de la part du groupe , les Manic Street Preachers reviennent donc aujourd'hui. Avec un nouveau disque ahurissant, dont le premier tour de force est d'afficher une imparable cohésion dans un éclectisme de tous les instants. Si Found That Soul ouvre Know Your Enemy tambour battant avec sa basse tout droit sortie d'un inédit de Joy Division et sa puissance digne du premier album des Stooges , Ocean Spray premier texte écrit par le chanteur-guitariste James Dean Bradfield, où il évoque avec pudeur la mort de sa mère s'impose tout en délicatesse décalée, portée par une trompette amère. Entre quelques déflagrations sonores énervées l'énergique Intravenous Agnostic , le groupe professe une fois encore son amour d'une pop léchée et exubérante, contagieuse et intelligente. So Why So Sad en est l'un des exemples les plus troublants, foisonnant de trouvailles les choeurs façon Armée Rouge, l'orgue lancinant, le refrain hautement séduisant , tout comme le singulier Wattsville Blues, chanté par Nicky Wire d'une voix à mi-chemin entre "Kathryn Hepburn et Mark E Smith" (Bradfield dixit). Et lorsque le trio s'essaye à la disco, c'est avec une morgue et un brio désarmants : l'hymne à danser qu'est Miss Europa Disco Dancer métamorphose le Girls & Boys de Blur en ritournelle pataude. Entre Joy Division (The Convalescent, Royal Correspondent) et New Order (Baby Elian), les Manics ont eu le bon goût de ne pas vouloir choisir et, surtout, relègue en un tour de main toutes les tentatives des défunts Smashing Pumpkins un moment, paraît-il, plus grand groupe rock du monde au rang de faire-valoir.
En seize chansons et autant de réussites (on allait oublier Year Of Purification, le morceau derrière lequel court REM depuis dix ans, ou Freedom Of Speech..., renforcé par la guitare de Kevin Shields), les Manic Street Preachers ont ainsi une nouvelle fois gagné haut la main le droit de se faire entendre. Il vous reste maintenant à choisir définitivement votre camp.En espérant que, cette fois, personne ne se trompera...
(Christophe BASTERA).
TRACKLIST:
A1 | Found That Soul | 3:05 |
A2 | Ocean Spray | 4:11 |
A3 | Intravenous Agnostic | 4:02 |
A4 | So Why So Sad | 4:01 |
A5 | Let Robeson Sing | 3:46 |
A6 | The Year Of Purification | 3:40 |
A7 | Wattsville Blues | 4:29 |
A8 | Miss Europa Disco Dancer | 3:52 |
A9 | Dead Martyrs | 3:23 |
B1 | His Last Painting | 3:16 |
B2 | My Guernica | 4:56 |
B3 | The Convalescent | 5:54 |
B4 | Royal Correspondent | 3:31 |
B5 | Epicentre | 5:11 |
B6 | Baby Elian | 3:37 |
B7 | Freedom Of Speech Won't Feed My Children | 3:00 |
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