PAUL MC CARTNEY - TUG OF WAR (1980)
EMI Electrola - 1C 064-64 750 T - (France)
EMI Electrola - 1C 064-64 750 T - (France)
Décembre 1980. John Lennon est assassiné. Les autres Beatles sont, eux, comme tout le monde, anéantis. Macca, qui avait personnellement vécu quelques années difficiles avec Lennon (la fin de carrière des Beatles et les premières années de la décennie 70 ; les deux ne cessaient de se renvoyer des piques saignantes par chansons ou déclarations interposées), est totalement vidé par cette annonce. Il ne refera un disque studio qu'en avril 1982 (mois et année de sortie de l'album qui va nous intéresser ici, album enregistré entre février 1981 et janvier 1982, en plusieurs temps). Mais quel album ! Si son précédent opus, McCartney II (1980 - début d'année), très expérimental, avait le mérite de proposer quelques superbes chansons comme Waterfalls ouOne Of These Days, ainsi que le hit débridé Coming Up qui redonnera à Lennon l'envie de refaire de la musique (authentique), il n'en demeure pas moins inégal, avec quelques trucs vraiment, mais alors vraiment mauvais (Frozen Jap, Bogey Music). Mais l'album était son premier album solo en 9 ans, après une décennie 70 quasi entièrement placée sous les ailes des Wings (tiens, les ailes des Wings, elle est pas mal, celle-là ! Euh, non, en fait, pas tant que ça...). Les Wings que Macca, après le contrecoup de la mort de Lennon passé (difficilement), décide de définitivement abandonner, l'air de dire putain, la vie est courte, alors on passe à autre chose, et fissa, Paulo. Comme pour mieux faire revenir les fantômes du glorieux passé des Fab, Macca demande, pour ce nouvel album, de l'aide à son vieil ami le producteur George Martin, qui n'avait pourtant quasiment plus bossé avec lui depuis 1970 (sauf le single des Wings Live And Let Die de 1973). Macca, aussi, fait participer Ringo Starr à un titre, Carl Perkins (un des géants du rock'n'roll 50's) sur un autre, Stevie Wonder sur deux (il chante et joue de plusieurs instruments sur ces titres), et quant à Denny Laine (guitare), qui apparait sur 6 des 12 titres, il est, comme chaque fan de McCartney le sait, un des membres fondateurs des Wings (et avant ça, des Moody Blues). On a aussi Andy Mackay (de Roxy Music) sur un titre, ou Steve Gadd (batteur notamment pour Steely Dan)...
Sous une pochette rouge et bleue, un collage entre une photo de Linda (sa femme, qui collabore aux choeurs) et une oeuvre picturale, l'album sort donc en 1982, et s'appelle Tug Of War. Très bien acueilli par la presse et le public, c'est ce que l'on appelle vulgairement un putain d'album, un disque majeur pour Paulo, un de ses très grands crus. On dit souvent que, pour Macca, les années 80 furent difficiles, et il est vrai que Give My Regards To Broad Street,Press To Play, c'est vraiment pas bon (et certains rajouteraient McCartney II à la liste des mauvais Macca des années 80, ainsi que Pipes Of Peace, de 1983, disque très mineur conçu avec des morceaux issus des sessions de Tug Of Waret laissés pour compte, plus deux chansons en duo avec Michael Jakcson pour faire monter la sauce comme on peut). Mais si Macca a admirablement bien fini la décennie 80 (1989 : Flowers In The Dirt, la vache...), 1982 fut quand même une grande année. Tug Of War, en une quarantaine de minutes, offre 12 titres (même si l'un d'entre eux, Be What You See (Link), ne dure que 32 secondes et ne sert que de lien entre Get It (avec Carl Perkins) et Dress Me Up As A Robber). Si on note un ou deux titres vaguement anodins sur la face B (Ballroom Dancing est limite énervant dans son refrain, et The Pound Is Sinking, dont les paroles sont à moitié toujours d'actualité (mis à part que maintenant, c'est la monnaie unique, et Macca, ici, cite le franc, la lire, la drachme, etc) vu que ça parle de crise financière, est pas mal, assez courte (moins de 3 minutes), et au final peu essentiel - mais pas mauvais quand même), l'album est quasiment parfait. Sur cette face B, on a Wanderlust (une ballade à tomber), Get It (avec Carl Perkins, donc, morceau court et pas mal du tout), Dress Me Up As A Robber (assez trépidant) et surtout Ebony And Ivory, qui achève l'ensemble, une chanson bien pop en duo avec Stevie Wonder, qui sortira en single, chanson magnifique et assez connue sur le thème stoppons le racisme, on est tous des frères, et prenant en exemple les touches blanches et noires d'un piano, qui cohabitent sans problème. La face A, elle, qui n'offre que 5 titres, est totalement quintessentielle. Elle s'ouvre parTug Of War, symphonie de pochette à tomber, d'abord acoustique puis, au second couplet (après le premier refrain, en fait), l'électrique déboule direct, très jouissif. Take It Away, assez remuant, est un excellent morceau,Somebody Who Cares est une ballade magnifique aux accents hispanisants (la guitare). Le long (6,15 minutes, le plus long de l'album, de loin) What's That You're Doing est un funk-pop endiablé et jouissif en duo avec Stevie Wonder qui aa cosigné le morceau (je préfère ce morceau à Ebony And Ivory, mais on a deux styles bien différents, en même temps) ; et la face A s'achève en douceur, délicatesse et mélancolie avec les 2,25 minutes de Here Today, chanson composée en hommage à Lennon, et que Macca chante toujours très souvent sur scène quand il rend hommage à son confrère (de même qu'il rend hommage à Harrison par le biais de Something). Beau à pleurer.
Tug Of War est un sommet. Macca mettra du temps à refaire un disque aussi réussi, ça sera en 1989, et Tug Of War sera suivi, comme je l'ai dit, d'un Pipes Of Peace (dont le titre est très éloquent sur le fait qu'il est une sorte de 'suite' de l'album de 1982 : les titres se répondent) qui tentera vainement de récidiver le coup d'éclat, en utilisant des morceaux des mêmes sessions, mais mis de côté à l'époque. On y trouvera Gentleman et Say Say Say, deux chansons (dont le second, un hit) avec Michael Jackson, mais ça ne suffira pas à faire décoller Pipes Of Peace, qui restera définitivement dans l'ombre de son glorieux aîné de 1982. Ayant littéralement ouvert la voie à Macca pour les années 80 (il pose les bases de son nouveau style), Tug Of War sera donc, mais personne ne pouvait s'en douter, le dernier bon McCartney pendant un bon moment, jusqu'à 1989, et c'est un des rares albums de l'artiste, avecChaos And Creation In The Backyard (2005), Band On The Run (des Wings) etFlowers In The Dirt, à mettre tout le monde d'accord : on tient ici un grand, très grand cru, un disque quasiment parfait, si on excepte deux titres très corrects, mais pas aussi grandioses que les autres, sur l'ouverture de la face B. Une production remarquable, un Paulo en forme, des chansons mémorables...Tug Of War, à l'heure actuelle difficile à trouver en CD comme quasiment tous les Macca (en attendant la réédition, prévue, mais pour quand ? M'en fous, je l'ai en vinyle...), est un grand, très grand album, un essentiel, un chef d'oeuvre, oui, je n'ai pas peur de le dire : un chef d'oeuvre ! (Clash Doherty).
TRACKLIST:
A1 | Tug Of War | 4:20 |
A2 | Take It Away | 3:50 |
A3 | Somebody Who Cares | 3:13 |
A4 | What's That You're Doing? | 6:13 |
A5 | Here Today | 2:24 |
B1 | Ballroom Dancing | 4:06 |
B2 | The Pound Is Sinking | 2:49 |
B3 | Wanderlust | 3:47 |
B4 | Get It | 2:28 |
B5 | Be What You See (Link) | 0:32 |
B6 | Dress Me Up As A Robber | 2:40 |
B7 | Ebony And Ivory | 3:41 |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire