ELECTRIC LIGHT ORCHESTRA - DISCOVERY (1979)
Jet Records - JET LX 500 - (Europe)
Jet Records - JET LX 500 - (Europe)
Il arrive toujours un moment
où un groupe cesse d’innover et se met à appliquer album après album la même
formule. La créativité s'étiole, et c’est le début du grand recyclage. BOWIE,
PRINCE, RADIOHEAD… Personne n’y échappe, y compris des artistes pétris d’inventivité
et réputés pour leur versatilité musicale. Sans parler de ceux qui, comme
OASIS, avaient déjà absolument tout dit au bout d’un ou deux disques. C’est
d’ailleurs assez inévitable, quand on y pense : il y a tout simplement des
limites à la capacité d’un individu à produire sans cesse de nouvelles idées,
de nouvelles mélodies, à se remettre en cause en digérant de nouvelles
influences ou en évoluant. C’est notamment le cas après un gros succès,
lorsqu’il est tentant d’appliquer sans prendre de risques la recette gagnante
et de réécrire dès lors à la chaîne les mêmes chansons sous des formes à peine
différente.
Avec Discovery, Jeff Lynne
et ELECTRIC LIGHT ORCHESTRA atteignent très précisément la frontière qui sépare
l’innovation de la répétition ad nauseam de la même musique. Tout, ici, du
début à la fin, a déjà été entendu sur les disques précédents du groupe. La
seule évolution – mais il s’agit d’un changement très anodin – est
l’incorporation éhontée d’influences disco qui donnent un aspect archi-commercial
à la plupart des chansons. Roublard, Lynne a pris la décision non seulement de
s’en tenir aveuglément à la formule qui a fait le succès d’Out of the Blue,
mais il simplifie à outrance ses compositions et les adapte à l’air du temps,
histoire d’être sûr de les voir grimper vaillamment, comme des bons petits
soldats, au plus haut sommet des charts. Les anglo-saxons ont d’ailleurs un mot
pour décrire ça : avec cet album, ELO devient « formulaic », c'est-à-dire
prévisible et enfermé dans son propre style.
Ce qui sauve néanmoins le
groupe d’un basculement définitif du côté obscur est l’efficacité des chansons
concernées. Lynne, artisan pop, n’a pas perdu la capacité à composer des
mélodies qui font mouche auprès du public : un gentil petit tube discoïde («
Shine a Little Love »), un remake sans vergogne de « Mr. Blue Sky », le hit
d’Out of the Blue (« The Diary of Horace Wimp ») ou une rengaine disco-funk («
Last Train to London », qui rappelle « Evil Woman »), sont hautement
addictives… Du moins pour qui n’a pas déjà écouté le reste de la discographie
d’ELO, car ces compositions révèlent aussi une absence criante d’évolution et
laissent une impression de superficialité. Discovery offre une musique
attrayante en apparence, mais sans épaisseur et sans âme. Le grain de folie
d’autrefois a disparu, et les trouvailles délirantes et brillantes (notamment
l’usage décomplexé du vocoder) sont devenues de simples gimmicks.
Porté par le carton
phénoménal de « Don’t Bring me Down », un boogie réjouissant bien qu’un peu
balourd, l’album est un immense succès. Directement logé à sa sortie à la
première place des charts anglais (longtemps réticent, le Royaume-Uni a
définitivement capitulé), il y reste cinq semaines tandis que le reste du monde
se précipite dessus. C’est la bande son de l’été 1979. Mais cette explosion
commerciale se fait cette fois – contrairement aux années passées – au
détriment de la qualité artistique. Des compositions incolores et vite oubliées
(« Need her Love », « On the Run », « Whishing ») font de ce disque un produit
sans ampleur et sans ambition. Signe des temps, Lynne a viré ses violonistes
maison et se contente de gérer sans panache l’opulent aspirateur à dollars
qu’est devenu ELO. A l’orée des années 80, après avoir survécu sans sourciller
à la tornade punk, le groupe est en roue libre... (Baazbaaz - Fp).
TRACKLIST:
TRACKLIST:
A1 | Shine A Little Love | 4:42 |
A2 | Confusion | 3:42 |
A3 | Need Her Love | 5:09 |
A4 | The Diary Of Horace Wimp | 4:17 |
B1 | Last Train To London | 4:31 |
B2 | Midnight Blue | 4:20 |
B3 | On The Run | 3:56 |
B4 | Wishing | 4:14 |
B5 | Don't Bring Me Down | 4:08 |
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