EURYTHMICS - WE TOO ARE ONE (1989) RCA – PL 74251 – (Europe)
Ceci est une tentative désespérée d'un groupe phare des
eighties pour conserver un semblant de statut à l'orée des années 90. La new
wave a évolué, nous sommes bien loin des éléments punks ou électro qui ont été
à la base du rayonnement du duo britannique lors de ses succès intersidéraux et
galactiques. Souvenez-vous juste que nous voici à nouveau avec les compositeurs
de "Sweet dreams". Pour mettre un max de chance de leur coté, Annie
et Dave choisissent d'inonder les charts de singles. Il y en aura pas moins de
cinq. C'est un véritable quitte ou double auquel s'exposent nos icônes de la
synth pop. La pochette présente d'ailleurs une Annie décomplexée assumant son
statut de diva et Dave trouble loin derrière...
Bref allons y sur une analyse chronologique de l'armée des
singles présents ici. C'est "Revival" qui ouvre le bal. Titre
médiocre sans plus qui n'apporte rien à la gloire du duo britannique, c'est
tout juste si le refrain assorti du beat de synthé se remarque. On enchaîne
avec "Don't ask me why", la guitare typée "Here comes the
rain" et les trémolos d'Annie en font un titre moyen mais pas désagréable.
Le débridé "King and queen of america" propose une approche très pop
rock, on se souvient des "Would I lie to you" et autres
"Missionnary man" ce toutefois sans atteindre au succès de ces
dernières, c'est sympa sans plus. "Angel" poursuit la quête des tops
du billboard avec une volonté de fusionner la pop d'aujourd'hui avec une blue
eyed soul pas désagréable, mais le résultat final est tout à fait dispensable.
Dave Stewart partage le chant sur le dernier essai "Baby's gonna cry"
qui voit la guitare prendre le plaisir. Je retiens un refrain pas mal fichu
mais des gimmicks finalement éculés. Il faut bien admettre que le choix des
singles sur cet album est une vraie catastrophe.
Car c'est ailleurs qu'il faut chercher les faits d'armes de
cette huitième livraison. Tout d'abord sur la superbe "You hurt me"
et cette introduction qui met de manière fabuleuse la voix unique d'Annie en
exergue. Enfin, on touche à de la vraie bonne musique. L'instrumentation est à
la hauteur avec notamment une basse groovante de derrière les fagots. Le
refrain est légèrement en deçà du reste de la compo mais cela reste de la bonne
came.
Enfin, c'est "Sylvia" qui enlève la palme du titre
de l'opus. L'ambiance dramatique des instruments à cordes sert d'écrin diaphane
à la voix de la diva peroxydée. Une vraie petite merveille que je vous
conseille vivement.
Les deux derniers titres sont de bonne qualité et annoncent
la future carrière solo de Stewart : "How long" et "When the day
goes down".
Ce huitième opus sera le dernier de la série des eighties.
EURYTHMICS est déjà une légende, Annie Lennox est une des chanteuses les plus
aimées de sa génération et une riche carrière de producteur attend Dave
Stewart. On entre dans un hiatus d'une dizaine d'années pour le duo. Après 100
millions d'albums vendus, pas de raison de s'inquiéter pour le futur ! (Erwin - FP).
Embassy Of Music – SMBM05 – 2 × Vinyl, LP, Album, 180g (Europe)
Si "Graffiti Soul" n'avait rien de particulièrement révolutionnaire, il avait cependant le mérite de redonner espoir en Simple Minds. En effet, les Ecossais semblaient avoir enfin retrouvé l'inspiration pour un album qui devait finalement représenter la meilleure vente du combo depuis "Good News From The Next World" (1995). D'ailleurs à l'époque, Jim Kerr annonçait à qui voulait l'entendre, que le groupe se sentait en capacité de sortir 2 albums dans la même année. Après un live ("5X5 Live" - 2012) et une compilation ("Celebrate – The Greatest Hits" - 2013), ce n'est pourtant que 5 années plus tard que débarque ce "Big Music" attendu avec fébrilité. Avec un line-up voyant Andy Gillespie officiellement intronisé aux claviers, et Ged Grimes remplacer Eddie Duffyau poste de bassiste, ce nouvel opus semble être l'occasion de confirmer l'éclaircie aperçue en 2009 et ainsi, de replacer Simple Minds sur le devant de la scène.
Mêlant habilement nouvelles compositions et anciennes démos retravaillées, Jim Kerr et Charlie Burchillredonnent une grande partie de son éclat à la légende des 80's, retrouvant la formule qui faisait sa réputation, à savoir ce mélange de rock, de pop synthétique et de new-wave. La production, en grande partie confiée àAndy Wright (Eurythmics, Cock Robin, etc…), donne à la fois ampleur et puissance à la musique du quintet qui trouve ainsi un équilibre entre des claviers prégnants, une rythmique discrète mais efficace et les interventions lumineuses de Charlie Burchill, le tout mené de main (de voix) de maître par Jim Kerr. La plupart des titres réussissent ainsi à se faire à la fois planants et énergiques, comme l'hypnotisant 'Blindfolded' à la carrure de futur hymne, ou un 'Blood Diamonds' au refrain majestueux et sur lequel les claviers se fond magistraux en réponse aux échos de la guitare. Plus mélancolique, 'Honest Town', premier single, reprend également ses caractéristiques pour un résultat tubesque qui voit les couches de synthétiseurs se superposer sans devenir envahissantes.
D'une cohérence parfaite, l'ensemble alterne les titres taillés pour la scène avec des refrains catchy ('Big Music'), profitant parfois de l'apport des chœurs de Sarah Brown (Annie Lennox, Phil Collins) dont les interventions ne sont pas sans rappeler les plus belles heures de Robin Clark sur les albums de la grande époque ('Kill Or Cure'), et quelques morceaux plus légers et entraînants ('Midnight Walking') et aux refrains obsédants ('Broken Glass Heart'). Confirmant ce qui semble devenir une habitude, le quintet se fend également d'une reprise qu'il se réapproprie totalement ('Let The Day Begin' de The Call) pour un résultat dynamique et accrocheur. Enfin, s'il est un domaine de prédilection pour Simple Minds, c'est bien lorsque les Ecossais laissent l'émotion devenir plus palpable le temps de refrains dont l'optimiste élève l'auditoire ('Human') ou de titres à la mélancolie envoûtante ('Spirited Away').
Sans forcément atteindre les sommets de la fin des années 80, "Big Music" n'en est pas moins une réponse sans ambigüité à tous ceux qui avaient enterré Simple Minds trop vite. Avec toute la classe qui les caractérise,Jim Kerr et ses compagnons semblent définitivement renaître des leurs cendres pour nous offrir cette subtile recette qui avait construit leur légende, et ceci tout en étant capables de l'enrichir avec quelques notes plus actuelles, question de ne pas sombrer dans la redite ou l'auto-parodie. Il serait dommage que les amateurs qui avaient laissé tomber le groupe durant sa traversée du désert, ne saisissent pas l'opportunité de revenir vers lui avec ce nouvel opus qui ne les décevra pas. (Loloceltic-Musicwaves).
THE WHITE STRIPES - White Blood Cells ( 2001) Third Man Records – TMR 033 (Europe)
White Blood Cells...
Un titre parfaitement choisi tellement cet album vous fait ressentir jusqu'au moindres extrémités de votre corps les vibrations de la guitare de Jack White et le fracas de la batterie de Meg White.
"Dead Leaves And The Dirty Ground" démarre cet album et, comme à leur habitude, les White Stripes nous amènent dans leur son si particulier. Ce morceau n'est pas sans ressemblance avec ce que font les Black Keys, et évidemment, la comparaison est facile, mais passons...
Le titre suivant "Hotel Yorba" est très dansant... On se croirait dans un saloon paumé dans le Far West du 19ème siècle. Je vois d'ici le revolver derrière les vestes en tweed et l'étoile du sheriff briller dans la nuit...
"Fell In Love With A Girl"... Pffioouuuuu tant d'énergie, impossible de rester assis et de ne pas tout exploser autour de soi... Il a l'amour violent ce Jack.
Le quasi a capella de Jack sur "The Union Forever" est tellement transcendant (le morceau en lui-même l'est aussi d'ailleurs) qu'il est impossible de ne pas tomber sous le charme de cette voix, brisée et hurlante.
Vient un peu après la puissance à vif et totalement débridée de "I Think I Smell A Rat". Un défouloir pour toute la haine que l'on peut ressentir, toute la rancoeur que l'on peut renfermer, la chaîne hi-fi crache autant qu'elle peut, fiouuu ça soulage...
"Aluminium", morceau crade et tellement bon à la fois... Encore un point commun avec les Black Keys.
"I Can't Wait", "Now Mary", et "I Can Learn", toujours dans le style White Stripes, et on en redemande encore et encore, riffs enivrants, mélodies transcendantes, voix démente....
L'album se fint sur un "This Protector" au piano, dénotant après cette avalanche de guitare et de batterie mais réussissant tout de même à coller à l'album par la violence de chaque note, et ponctuant de manière formidable un album qui l'est tout autant. (KayzR).
JACK WHITE - BLUNDERBUSS (2012) Third Man Records – TMR-139 – Vinyl, LP, (U.S.)
Pendant très longtemps les fans ont espéré entendre un jour un projet solo de Jack White. Treize ans après la sortie du premier album des White Stripes, Blunderbuss voit le jour.
Comme d'habitude avec les opus des différents groupes de Jack, on s'attend à l'application de "la méthode Led Zeppelin" avec un morceau d'ouverture de toute beauté. Un titre avec un riff accrocheur, une ambiance immédiatement posée, ou tout simplement directement une claque en pleine figure. Dans Blunderbuss c'est "Missing Pieces" qui tient ce rôle et le résultat est plaisant, mais pas extraordinaire non plus. Les premières notes sont entêtantes voire même intrigantes et ça titille assez bien l'oreille jusqu'à entendre ce que, avouons-le, on attend tous : le son de guitare si caractéristique de Jack White. Et pour ne pas faire dans la dentelle, il arrive sur un solo court et vraiment bien mené qui sera suivi d'un solo de synthé. Ce morceau d'ouverture est bien sympathique, mais il n'arrive pas à la cheville des autres premières pistes d'albums écrits par Jack. C'est un léger raté, mais c'est très appréciable quand même. Et il permet surtout d'introduire la principale force de cette œuvre qui est la voix de Jack.
Disons-le tout de suite, elle est un des grands points forts de cet album. On pourrait même croire qu'il a pris des cours de chant l'année précédente. Bien sûr il a toujours son phrasé assez caractéristique, mais il aime jongler entre chant calme, doux et agressif. Il fait trembler sa voix sur certaines pistes et la rend rassurante sur d'autres. En fait il commence vraiment à avoir une large palette et ça ne peut qu'être bénéfique pour la suite.
On poursuit avec ce qui sera le second single "Sixteen Saltines". Là on retrouve la rage propre aux White Stripes. Ça envoie sec, ça retourne comme il faut et ça donne surtout la patate. Et quelle surprise lorsqu'il sort malicieusement ce son si spécial de guitare, qui provient en fait d'une pédale d'effet pour basse. Les chœurs féminins sont très appréciables aussi. Un morceau taillé pour le live, tout comme la suivante "Freedom At 21". Un bon riff, un travail astucieux sur la batterie, un phrasé bien trouvé et l'effet sur le troisième couplet "guitare à gauche / voix à droite" est surprenant les premières fois, mais efficace à chaque coup. C'est un petit coup de génie et pourtant c'est une idée simple. Que dire du solo épileptique qui s'ensuit... c'est sa marque. Cette piste c'est du grand Jack White, autant sur la composition que dans la production et le mixage.
Après trois bons morceaux qui bougent bien, place au calme maintenant avec le premier single "Love Interruption". Un total décalage entre l'ambiance posée et les paroles assez dures. L'univers de Jack peut vite devenir déroutant pour qui ne le suit pas depuis des années. Un titre plaisant, mais j'ai vite le syndrome de la chanson trop entendue en peu de temps. En tout cas c'est un très beau duo avec la chanteuse Ruby Amanfu. Arrive ensuite le morceau éponyme "Blunderbuss", avec une introduction qui fait directement penser à Neil Young. Cette piste est très jolie et entraînante, puis ça fait du bien d'entendre de la contrebasse, du piano et du violon. Une belle réussite. On enchaîne maintenant avec la sixième piste et après les deux chansons calmes "Love Interruption" et "Blunderbuss", il se passe ce que je crains souvent dans les albums : trois chansons calmes à la suite. Déjà que deux c'est parfois limite, là Jack n'y échappe pas. "Hypocritical Kiss" est encore un morceau apaisé avec une belle intro au piano. Ça n'enlève rien à la qualité de ce titre, mais j'ai souvent du mal à écouter plusieurs chansons calmes d'affilée. Surtout quand elles sont mises juste après une décharge d'énergie, ça coupe l'élan et peut faire relâcher l'attention. Ça devient donc un défaut de mon point de vue. Mais en oubliant ce détail, "Hypocritical Kiss" est une chanson vraiment plaisante qui tient surtout sa force du piano très présent.
"Weep Themselves To Sleep" est là pour "réveiller". Le piano tient encore le rôle principal, mais sait se faire plus discret pour laisser la place à deux solos de guitares épileptiques qui se chevauchent. Le phrasé est aussi très intéressant dans ce morceau. Pour cet album Jack a décidé de faire une reprise de Little Willie John, "I'm Shakin'"... et quel choix judicieux ! Ce morceau est jouissif. Il donne le sourire et on a immédiatement envie de danser partout en faisant du playback et en prenant une pose bien cool. Genre tout le monde te regarde chanter, mais toi tu ne penses qu'à faire des clins d'œil aux belles minettes juste devant la scène (Quoi ? Personne n'a fait ça en l'écoutant ?). Les chœurs féminins, les hand-claps, le solo de guitare, le chant de Jack, mais tout, absolument tout est bon dans ce morceau.
Vient à présent "Trash Tongue Talker", qui je dois dire à un air qui me fait penser à "How Do You Sleep ?" de John Lennon, c'est donc très appréciable. À la différence près que Mr. White a une voix qui semble un peu éraillée. Le piano mène une nouvelle fois la danse, bien soutenu par la batterie et la basse. Une chanson qui sonnerait bien dans un bar.
Avec "Hip (Eponymous) Poor Boy" on a l'impression qu'il nous chante une berceuse dansante. Mais elle s'écoute quand même très facilement et on s'étonne même de la repasser plusieurs fois de suite. "I Guess I Should Go To Sleep" a un côté très jazzy que j'adore même s'il ne reste pas sur tout le morceau. Et les chœurs sont une nouvelle fois les bienvenues. Il y a un très bon solo de piano, on s'y croirait vraiment dans ce bar enfumé. Et la surprise apportée par la voix : Jack tient bien les notes aiguës ... quand je dis qu'il a dû prendre des cours de chant. L'avant-dernier morceau, "On And On And On", aurait pu se retrouver sur Consoler Of The Lonely des Raconteurs avec son ambiance rappelant "Rich Kid Blues". Jack a une voix très envoûtante, on écoute attentivement ses paroles jusqu'à être transporté par ce morceau.
Et on finit avec "Take Me With You When You Go". J'avoue que je commençais à être un peu déçu de cette chanson de fermeture, une fin chantée en communion avec les chœurs ça ne me bottais pas trop. Puis l'instant de grâce arrive aux alentours de la deuxième minute : le piano se lance en faisant une descente de notes, l'orgue le suit et là BAM ! La guitare avec le son si particulier de White arrive soutenue par la batterie, le violon rempli le petit vide, c'est l'extase. Jack, pris d'un excès de génie, s'offre même l'audace d'adopter un phrasé à la Robert Plant sur un couplet chanté d'une traite sans respirer. Il sera suivi des chœurs féminins qui lui répondent pareillement par un couplet chanté d'une traite. Mr. White décide donc d'utiliser son arme ultime pour les mettre à terre et nous balance un solo de guitare de folie, avec une technique et une intelligence de jeu maîtrisées. Bon ils font tout de même copain-copines et chantent les couplets suivants ensemble, mais toujours d'une seule traite. Après cette magnifique performance, place à la montée en puissance. Piano/orgue/guitares/batterie, tout doit y passer et la sauce doit monter. "Take me with you when you go, girl ; Take me anywhere you go" est sublimement chanté et la dernière note toute en finesse nous achève.
L'album se clôture et là se dessine sur notre visage un immense sourire. On prend le temps de se poser et de réaliser que l'on vient d'écouter un album riche et varié comme l'est Consoler Of The Lonely des Raconteurs. Et qui rappelle aussi à de nombreuses reprises la profondeur et l'intelligence des compositions du Get Behind Me Satan des White Stripes. Jack a su puiser dans ses influences folk-country-blues-soul-rythm'n'blues-rock des 50's aux 70's, pour nous pondre un album qui peut nous faire penser à des artistes comme Neil Young, Bob Dylan, Rolling Stones (période Exil On Main St.), Little Willie John et tant d'autres de ces périodes.
Jack White a mis du temps à le faire, mais quand on entend ce résultat ça valait énormément le coup. Il a admirablement réussi son premier album solo. (Beckuto - Xsilence).
THE WHITE STRIPES - ELEPHANT (2003) Third Man Records – TMR200 –2 × Vinyl, LP, Album (U.S.)
Le chef d’œuvre des White Stripes. Oui, comme vous pouvez le constater, je suis d’emblée catégorique : Elephant est un album marquant, important, historique. N’ayons pas peur des mots ! Commercialement d’abord ce disque cartonne, et ce au « grand dam » de Meg et Jack White, ce dernier déclarant même que son groupe serait à chier au bout de dix millions d’albums vendus. Il faut dire qu’ils n’ont pas fait grand’ chose pour éviter ce succès ! Sur White Blood Cells, l’efficacité était déjà largement au rendez-vous et comme chacun sait, on ne change pas une équipe qui gagne… mais on peut néanmoins l’étoffer ? Dès lors, une question s’impose : qu’est-ce que Elephant a de plus que son prédécesseur ? Un tube, bien sûr ! Et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit de « Seven Nation Army », qui met d’entrée tout le monde d’accord. Grand public et critiques sont conquis par ce titre parfait, imparable et enragé, doté d’une assise rythmique hors du commun (avec notamment cette ligne de basse* désormais fameuse) et d’un texte souvent violent et puéril, d’aucuns diraient punk (« I'm gonna fight 'em all », « Don't want to hear about it »). Le décor est planté.
De fait, cet opus contient des morceaux brutaux et directs comme « Black Math », « Little Arcons » et « Hypnotise », ces trois fauves se plaçant dans un style garage rock que le groupe maîtrise à merveille. On comprend pourquoi on compare les White Stripes aux Stooges et au MC5, d’autant que la démarche de Jack et Meg White est vraiment réactionnaire : ils enregistrent à l’aide d’un magnéto huit pistes, sans ordinateur et l’ensemble proposé est loin d’être révolutionnaire. Sans surprise, les White Stripes accouchent d’un disque ancré dans les racines du rock ‘n’ roll comme en témoignent les titres blues que sont « Ball And Biscuit », « There’s No Home For You Here » et « I Want To Be The Boy », eux aussi magnifiques. Elephant possède une vraie personnalité : on ne ressent jamais une impression de déjà vu, ce qui est un authentique exploit, dû peut-être aux quelques pirouettes artistiques parsemées ici ou là. On pense à « In The Cold Cold Night » (titre sensuel et charnel chanté par Meg), à « I Just Don’t What To Do With Myself » (complainte exceptionnelle empruntée à David Bacharach) ou à ce titre final génial et décalé qu’est « It’s True That We Love Another ».
Enregistré à Londres en dix jours seulement, Elephant a mis clairement les choses au point dès sa sortie ; pas besoin d’avoir fait Saint-Cyr pour faire du rock : il faut du feeling, de la hargne et de la spontanéité ! Les White Stripes ne réinventent pas le genre mais ils le maîtrisent parfaitement ! Ils montrent qu’on peut faire énormément avec seulement deux instruments et prouvent de surcroît que le public est demandeur. Si un tel album est possible en 2003, c’est que le rock n’est pas sur le retour et tout cela est terriblement rassurant. Elephant sonne vieux, sonne vrai. Et a toutes les chances de devenir mythique. Si ce n’est pas déjà fait… (Cyril - FP).
TRACKLIST:
Side A
A1 Seven Nation Army
A2 Black Math
A3 There's No Home For You
Here
Side B
B1 I Just Don't Know What To
Do With Myself
B2 In The Cold, Cold Night
B3 I Want To Be The Boy To
Warm Your Mother's Heart
B4 You've Got Her In Your
Pocket
Side 3
C1 Ball And Biscuit
C2 The Hardest Button To
Button
C3 Little Acorns
Side D
D1 Hypnotize
D2 The Air Near My Fingers
D3 Girl, You Have No Faith
In Medicine
D4 It's True That We Love
One Another
Pour changer un peu du connu "Seven Nation Army", j'ai choisi "The Hardest Button To Button".
PINK FLOYD - THE ENDLESS RIVER (2014) Parlophone – 825646215478 –2 × Vinyl, LP, Album, 180 gram (Europe)
La genèse de ce qui sera (les survivants l'ont juré) le dernier album de Pink Floyd prête et prêtera le flanc à de multiples discussions et interprétations : véritable hommage à Rick Wright trop tôt disparu ou bien opération bassement mercantile utilisant les derniers fonds de tiroir ? Peu importe, après son annonce surprise au printemps dernier, l'objet est là et bien là, détenant désormais le record du nombre de pré-commandes sur le plus important site de vente en ligne.
Composé de quatre grandes suites découpées en 18 plages, The Endless River est donc majoritairement basé sur des morceaux écrits et joués par Rick Wright et David Gilmour lors des sessions d'enregistrement de The Division Bell, prévu à l'origine sous la forme d'un double album et finalement publié en version simple il y a 20 ans. Grâce à un gros travail de restauration et de production effectué par Phil Manzanera, Youth et Andy Jackson, David Gilmour et Nick Mason ont pu reprendre et compléter ces titres pour en faire un assemblage cohérent, dans une veine très atrmosphérique bien rendue par des compositions instrumentales (à l'exception de Louder than Words).
L'esprit de cette galette ? Incontestablement floydien : planant, symphonique par la grâce de claviers incomparables, poignant par les interventions de guitare à nulle autres pareilles, et convoquant au fil des titres les compositions passées du groupe. Shine on you Crazy Diamond est ainsi convié dès la deuxième plage (It's What we Do), The Wall est clairement évoqué au travers des deux parties de Allons-y, le live à Pompéi transparait derrière Sum et plus encore Links, avec roulements de batterie et sonorités dissonantes expérimentales, tandis que les chœurs féminins notamment présents sur l'hypnotisant et poignant Talkin' Hawkin' rappellent les ambiances de The Dark Side of the Moon. Naturellement, les ambiances de The Division Bell sont également présentes, mais le rendu instrumental limite cette évocation, à l'exception donc de Louder than Words qui, s'il ne trustera probablement pas les premières places des charts, charrie son pesant d'émotion compte tenu du contexte et des textes forcément évocateurs.
Particulièrement mis en avant par ses compères, l'esprit du grand Rick Wright plane bien entendu sur l'ensemble de l'album, ses sonorités de clavier participant on ne peut mieux au rendu final, avec un rare sommet d'intensité sur Autumn'68, plage où il utilise le grand orgue du Royal Albert Hall. Plus qu'un hommage, c'est finalement une dernière mise en avant de cet artiste magnifique, au rôle parfois bien trop sous-estimé dans l'analyse de l'œuvre du groupe au Flamand Rose.
Après toutes les craintes que pouvait susciter une telle annonce (il n'est qu'à voir les œuvres de piètre niveau commises récemment par quelques "dinosaures" du genre), force est de constater que nous tenons entre nos oreilles un grand album. Faisant fi des conditions de sa réalisation qui reconnaissons-le font valeur d'une restauration musico-archéologique diablement bien réalisée, jugeons plutôt l'objet sur sa seule valeur musicale et là, très honnêtement, il n'y a vraiment pas tromperie sur la marchandise, se posant en magnifique testament d'un des plus grands groupes de l'histoire du rock. Que certains s'émeuvent d'y voir accolée l'étiquette Pink Floyd n'a finalement que peu d'importance. Et d'ailleurs, reproche-t-on à leur principal pourfendeur le fait de continuer à se faire de l'argent depuis 30 ans avec The Wall ? (Tony B. - Music Waves).