THE CLASH - GIVE 'EM ENOUGH ROPE (1978)
CBS - S SBS 82431 UK Press
Dictionnaire des poncifs critiques, chapitre un : la malédiction de la deuxième œuvre. Pas un amateur de cinéma, de musique, de littérature, qui ne le dira : il est a priori plus facile de se révéler que de confirmer. De surprendre une première fois que de correspondre aux attentes la deuxième fois. Illustration idéale, le punk : comment maintenir l’intensité après la décharge initiale ? D’où une théorie : les deuxièmes albums des groupes punks seraient tous plus ou moins ratés, indignes de leurs glorieux prédécesseurs.
La liste est longue. Il y a deux ans, Christophe Conte la dressait dansLes Inrockuptibles, à l’occasion de la chronique de Room on fire des Strokes : «Donc voilà, comme (en vrac) Blondie, les Damned, le Clash, Patti Smith, Television, Devo, les Ramones, les Cars ou Jam, Casablancas et ses copains se prennent gentiment les pieds dans la console dès le deuxième virage» . On n'est pas obligés d’être d’accord avec cette recension, notamment quand on repense à ce petit chef-d'œuvre pop qu'est Plastic letters, deuxième album de Blondie. Et encore moins quand on lit dans la liste le nom du Clash. Si Give'em enough rope, le deuxième album des Londoniens, n'a pas la même réputation que The Clash, il n'en constitue pas moins un grand disque. Moins brut, plus poli, certes. Mais les mélodies et la rage sont toujours-là.
Côté son, CBS veut rompre pour ce deuxième album avec la production fauchée de The Clash, afin de pénétrer plus facilement le marché américain (un des titres de travail du disque est d'ailleurs Pearl Harbor). La compagnie impose donc au Clash le producteur-fétiche du Blue Öyster Cult, Sandy Pearlman, qui s'entendra d'ailleurs plutôt bien avec les quatre Londoniens. Pearlman impose sa patte : un son lourd, massif, plus clinquant. Les quatre Clash, eux se chargent de la richesse musicale, malgré l'absence cette fois-ci de tentatives reggae (une phrase - «I've been to a place where every white face is an invitation to robbery» - décrit le souvenir amer que Strummer et Jones gardent d'un voyage raté en Jamaïque). Le groupe fait le plein de violence sur plusieurs titres ( «Safe european home», «Tommy gun», «Drug-stabbing time»), le désir de l'album étant de produire «une attaque de requin musical» . Sur les autres, il innove, au risque de l'hérésie punk, et se rapproche quelque peu du son des New York Dolls, idole de Mick Jones (qui prend le micro sur la punky-pop «Stay free» ). Un piano de bastringue vient ainsi colorer la gigue de «Julie's been working for the drug squad» , tandis qu'un court solo de guitare (ici, les punks sortent les crucifix et les gousses d'ail) vient égayer «Guns on the roof» .
Totale réussite artistique, le deuxième album du Clash n'est donc pas ce pas de travers qu'on a trop souvent décrit. A sa sortie, il connaîtra d'ailleurs un bon succès public et critique. Nick Kent écrira, en hommage à la nouvelle direction musicale du groupe : «Les Clash ont repris les choses là où Mott the Hoople et Ian Hunter les ont laissées». Alors en pleine confiance, le groupe peut redéfinir avec arrogance l'éthique du parti Clash sur «All the young punks (new boots and contracts)» , plus belle chanson du disque : « Of course we got a mafia, though he ain't the mafia ». (JM Pottier).
La liste est longue. Il y a deux ans, Christophe Conte la dressait dansLes Inrockuptibles, à l’occasion de la chronique de Room on fire des Strokes : «Donc voilà, comme (en vrac) Blondie, les Damned, le Clash, Patti Smith, Television, Devo, les Ramones, les Cars ou Jam, Casablancas et ses copains se prennent gentiment les pieds dans la console dès le deuxième virage» . On n'est pas obligés d’être d’accord avec cette recension, notamment quand on repense à ce petit chef-d'œuvre pop qu'est Plastic letters, deuxième album de Blondie. Et encore moins quand on lit dans la liste le nom du Clash. Si Give'em enough rope, le deuxième album des Londoniens, n'a pas la même réputation que The Clash, il n'en constitue pas moins un grand disque. Moins brut, plus poli, certes. Mais les mélodies et la rage sont toujours-là.
Côté son, CBS veut rompre pour ce deuxième album avec la production fauchée de The Clash, afin de pénétrer plus facilement le marché américain (un des titres de travail du disque est d'ailleurs Pearl Harbor). La compagnie impose donc au Clash le producteur-fétiche du Blue Öyster Cult, Sandy Pearlman, qui s'entendra d'ailleurs plutôt bien avec les quatre Londoniens. Pearlman impose sa patte : un son lourd, massif, plus clinquant. Les quatre Clash, eux se chargent de la richesse musicale, malgré l'absence cette fois-ci de tentatives reggae (une phrase - «I've been to a place where every white face is an invitation to robbery» - décrit le souvenir amer que Strummer et Jones gardent d'un voyage raté en Jamaïque). Le groupe fait le plein de violence sur plusieurs titres ( «Safe european home», «Tommy gun», «Drug-stabbing time»), le désir de l'album étant de produire «une attaque de requin musical» . Sur les autres, il innove, au risque de l'hérésie punk, et se rapproche quelque peu du son des New York Dolls, idole de Mick Jones (qui prend le micro sur la punky-pop «Stay free» ). Un piano de bastringue vient ainsi colorer la gigue de «Julie's been working for the drug squad» , tandis qu'un court solo de guitare (ici, les punks sortent les crucifix et les gousses d'ail) vient égayer «Guns on the roof» .
Totale réussite artistique, le deuxième album du Clash n'est donc pas ce pas de travers qu'on a trop souvent décrit. A sa sortie, il connaîtra d'ailleurs un bon succès public et critique. Nick Kent écrira, en hommage à la nouvelle direction musicale du groupe : «Les Clash ont repris les choses là où Mott the Hoople et Ian Hunter les ont laissées». Alors en pleine confiance, le groupe peut redéfinir avec arrogance l'éthique du parti Clash sur «All the young punks (new boots and contracts)» , plus belle chanson du disque : « Of course we got a mafia, though he ain't the mafia ». (JM Pottier).
TRACKLIST :
A1 | Safe European Home | 3:45 | ||
A2 | English Civil War | 2:34 | ||
A3 | Tommy Gun | 3:12 | ||
A4 | Julie's Been Working For The Drug Squad | 3:01 | ||
A5 | Last Gang In Town | 5:08 | ||
B1 | Guns On The Roof | 3:13 | ||
B2 | Drug-Stabbing Time | 3:40 | ||
B3 | Stay Free | 3:36 | ||
B4 | Cheapskates | 3:22 | ||
B5 | All The Young Punks (New Boots And Contracts) | 4:52 |
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