The Cranberries – No Need To
Argue
Plain Recordings – plain202 – Reissue, 180 Gram,
Gatefold – Edition U.S.A.
The Cranberries est
certainement un des groupes qui ont le plus marqué la pop et le rock du début
des années 90. Leur premier opus, Everybody Else Is Doing It, So Why Can’t We ?
les a propulsés au sommet des charts en Europe et aux Etats-Unis en l’espace de
quelques mois seulement. Tout cela grâce à MTV l’omniprésente chaîne musicale,
si influente sur les tendances à l’époque. Alors quand vient l’heure de
rempiler pour un deuxième album, on peut douter de la capacité d’un si jeune
groupe à transformer l’essai, surtout à un an d’intervalle. No Need To Argue
est pourtant un album différent mais réussi, plus intimiste mais aussi plus
professionnel, avec une véritable mise en avant de Dolores O’Riordan, la
chanteuse du groupe.
Le groupe table ici sur
l’efficacité des mélodies et sur la sobriété de l’instrumentation. La guitare
de Noel Hogan est omniprésente tandis que la batterie de Feargal Lawler et la
basse de Mike Hogan se font plus discrètes. L’album débute en toute logique par
une rafale de tubes qui n’ont cependant rien de dansant. En effet, le maître
mot de No Need To Argue est la mélancolie, véritable fil directeur des treize
titres du disque. Ainsi, à l’écoute de Ode To My Family, on comprend que
l’heure n’est pas aux réjouissances : la chanteuse joue volontiers avec nos
émotions pour mieux nous faire pénétrer dans l’univers à la fois triste et
nostalgique des Cranberries. I Can’t Be With You et Twenty One sont autant de
singles imparables, mais ce n’est rien comparé à Zombie, LE hit en puissance.
Comme Sunday Bloody Sunday de U2 (vous n’échapperez pas à cette comparaison
mille fois établie), Zombie décrit le conflit en Irlande du Nord, dont
l’absurdité et la violence n’auront pas manqué de vous frapper si vous êtes un
peu au courant des choses du monde. Le chant, mais aussi la basse grondante et
la batterie tout à coup réveillée ne rendent ce titre que plus poignant.
Hélas, alors que je pensais
attribuer la note maximale au nom du « super émotionnel waouh », le ventre mou
de l’album vint me frapper de plein fouet. Eveything I Say, The Icicle Melts,
Disappointment et Dreaming My Dreams sont les quatre cavaliers de l’Apocalypse,
venus de l’au-delà pour me ravir mon enthousiasme. Sans être complètement
mauvais, nos quatre poids morts ont le malheur de dévoiler les ficelles du
groupe avec une triste évidence : quelques chœurs bien larmoyants, une mélodie
tristounette et le chaland s’y laissera prendre. Les Cranberries n’échappent
donc pas au piège périlleux que recèle tout album de pop-rock : la redite.
Empty et Ridiculous Thoughts surnagent un peu par rapport aux titres précités
mais paradoxalement, ils dévoilent encore plus les limites de No Need To Argue
: les violons et le piano du premier franchissent la ligne rouge du lacrymal,
tandis que Dolores O’Riordan en fait vraiment trop sur le second, qui avait
pourtant bien commencé sur un petit rythme entraînant.
Heureusement, l’album se
sort vite de ce mauvais pas et retrouve tout son lustre. Sur Yeat’s Grave
d’abord, toujours placé sous le signe de la mélancolie, mais avec une
intervention bienvenue de la guitare électrique. Daffodil Lament introduit
quant à lui un thème plus celtique et brise un peu la structure couplet/refrain
pour mon plus grand bonheur, avec un chouya de distorsion pour les gourmands.
Le titre éponyme conclut habilement cet album avec un unique accompagnement au
synthé, comme pour achever la mise en avant des performances vocales de la
chanteuse. (SASKATCHEWAN – FP).
TRACKLIST :
A1. Ode To My Family
A2. I Can't Be With You
A3. Twenty One
A4. Zombie
A5. Empty
A6. Everything I Said
A7. The Icicle Melts
B1. Disappointment
B2. Ridiculous Thoughts
B3. Dreaming My Dreams
B4. Yeat's Grave
B5. Daffodil Lament
B6. No Need To Argue