lundi 20 octobre 2014

Foo Fighters - Foo Fighters




FOO FIGHTERS - FOO FIGHTERS (1995)
Roswell Records ‎– 88697983211 - USA

C’est fini, ça n’aura duré que l’espace de quelques années, mais l’ouragan NIRVANA s’est éteint. On aura beaucoup écrit (encore une fois ici), pleuré, rendu hommage, tourné un film qui ne dit pas son nom, fait de la pub pour barres chocolatées… Peu importe ce qu’on en pense, avec Kurt Cobain s’est éteint un groupe qui a marqué. Par la suite, il était inutile de ramasser le torchon brûlé. Krist Novoselik, Dave Grohl voire Pat Smear ont eu la clairvoyance de ne pas poursuivre l’aventure ensemble sans sa pièce maîtresse. NIRVANA est mort, vive les FOO FIGHTERS ? Pas tout à fait. Si ce premier opus éponyme est bel et bien sorti après la marée médiatique, ses titres datent en partie de la tournée ayant suivi Nervermind. Dave Grohl, batteur de feu la formation avait déjà des envies d’écriture, alors en pleine gloire. Ses compositions ne seront pas conservées pour NIRVANA, le style s’écartant de la formation d’origine. C’est ainsi que sous le nom de LATE !, sortit une cassette du nom de Pocketwatch qui n’eut d’autre ambition qu’une distribution confidentielle. Pas la peine, à l’époque, de se faire soi-même concurrence.

Pourtant, Dave Grohl est de ces rares percussionnistes de formation à avoir un talent pour la mélodie. Foo Fighters, l’album, ce n’est que lui, ou presque. La filiation avec NIRVANA est vaguement perceptible, dissolue dans une pop un brin énervée. La question de la classification en grunge peut même faire douter. La suite de l’histoire, en effet, s’en écarte. Sur ce premier opus cependant, les ingrédients sont là. Derrière sa bande originale pour lycéen, Dave Grohl réalise son auto-thérapie. Pas de livret pour les paroles, qui de toutes façons jouent la carte du non-explicite, on y décèle rancœur, regrets, incompréhension. Chacun y trouvera son interprétation, du plaidoyer contre Courtney Love (I’ll stick around) au champ lexical de la désintoxication (This is a call), l’album, réservé, est pourtant lourd de sens.

Cette réserve, on en retrouve l’application en musique. Dave Grohl hurle, use de saturations diverses, ce n’est pas pour rien qu’on parle de power pop. Une partie de l’album, celle de LATE !, a été écrite pour un autre interprète, et si l’on y prête attention, cela s’entend. Intelligent, Dave Grohl n’a pourtant pas tenté l’imitation. Ce pourquoi Krist Novoselic ne fera finalement pas partie de l’aventure quand FOO FIGHTERS se dote dès 1995 de sa propre formation. Ces hurlements, cette saturation, tout ceci est ici maîtrisé. Les mauvaises langues parleront d’album surproduit, mais l’évidence est qu’il n’y a jamais eu volonté ici d’écorcher l’oreille. On peut également parler de sophistication. Sans aller parler de technicité, FOO FIGHTERS se dote de quelques ornementations dont son aîné s’était toujours écarté. On note ainsi quelques solos de guitare, une certaine finesse dans la composition. L’élève dépasse le maître, sur le papier tout du moins. Car, bien que les FOO FIGHTERS jouissent d’un certain succès, que le nom de Dave Grohl, trainant ça et là entre autres QUEENS OF THE STONE AGE ou THEM CROOKED VULTURES impose un hochement de tête, le groupe a toujours été loin de l’effet nucléaire d’un NIRVANA.

Mais qu’importe le succès, il suffit de grands albums. Ignorée des masses sans être confidentielle, cette pépite sculptée dans l’amertume a le goût du génie. Incomparable avec NIRVANA bien qu’en parler soit inévitable, il faudrait plutôt évoquer Black Gives Way to Blue d’ALICE IN CHAINS pour lui trouver un alter-égo. Succéder est toujours une tâche difficile, qui nécessite retenue et intelligence. Nombreux, et on ne les citera pas, sont ceux qui n’ont pas su rebondir avec autant de classe ou de pertinence. Hommage empreint de sincérité, cet album manie les deux qualités précitées comme rarement. La meilleure démonstration en est "Exhausted", conclusion mystique, où saturation et larsen sont dosés avec justesse. Dans son ultime minute, le riff tournant telle une danseuse de plastique dans sa boîte à musique s’éteint progressivement. Il y a des silences nocturnes, des silences imprévus, des silences gênés et des silences de solitude. Ce silence là, rare, est celui du respect qui incombe aux chefs d’oeuvres. (Chipstouille - FP).



TRACKLIST:

A1This Is A Call
A2I'll Stick Around
A3Big Me
A4Alone+Easy Target
A5Good Grief
A6Floaty
B1Weenie Beenie
B2Oh, George
B3For All The Cows
B4X-Static
B5Wattershed
B6Exhausted







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire