LED ZEPPELIN - HOUSES OF THE HOLY (1972)
Atlantic - K50014 - (United Kingdom)
Atlantic - K50014 - (United Kingdom)
En 1972, le Dirigeable est une
baudruche énorme. Le quatrième album, avec en son sein des lingots d’or sonores
comme le déjà légendaire « Stairway to Heaven », les a portés en haut, tout en
haut des charts, de la renommée, de la fortune, des scènes planétaires, et des
excès en tout genres – qui sont inclus dans le package ‘rock star’.
Loin de se reposer, les 4
musiciens rentrent en studio au printemps 1972, quelques mois seulement après
la sortie du IV. Cette époque est folle : d'où que l'on regarde, personne ne
baisse le pied. BOWIE, PINK FLOYD, ALICE COOPER, Lou REED, KING CRIMSON, etc
etc etc (des dizaines !)... tout le monde sort des oeuvres dont on parle encore
aujourd'hui, et qu'on ECOUTE encore aujourd'hui.
Le groupe de plomb dégage la
force et l’assurance de ceux qui n’ont plus rien à prouver. L’autre atout de
LED ZEPPELIN est qu’il s’agit d’un vrai gang, qui ne dépend pas de l’humeur ou
des lubies d’un leader à l’ego boursouflé : PAGE est le guitariste, compositeur
et producteur, certes, mais JONES ajoute beaucoup à certaines compositions et
s’avère être un arrangeur très doué, PLANT écrit et place ses parties de chant
avec une grande maturité, et BONHAM reste totalement irremplaçable - absolument
personne ne peut sonner comme lui, il est dépositaire d’une grande partie du
son de plomb. D'autant qu'il compose aussi.
Cette assurance leur permet de
continuer leur exploration libre du rock lourd, du folk, de la ballade, du
funk, et même… du reggae. Davantage d’attention a été accordée à la production,
PAGE a eu la main plus leste sur le multi-pistes. Ce cinquième album respire
moins le blues que les précédents, et propose une palette encore plus large de
morceaux, ce qui en fait un disque moins apprécié par les accros des premiers
albums, mais il n'en est pas moins passionnant. Ne contenant pas de single
décisif à la « Stairway » (même si ce titre n'est jamais sorti en single),
Houses of the Holy est un excellent album où aucun morceau ne tente de faire de
l’ombre aux autres. Chaque écoute est un buffet garni pour nos tympans, avides
de cette puissance tellurique mais qui aiment qu'on titille leur sensibilité
esthétique.
Le groupe navigue ainsi entre la
fantastique superposition des couches de guitares pagiennes de « The Song
Remains The Same » (jeu : trouverez-vous le nombre total de guitares ?), les
arrangements romantico-nostalgiques de « The Rain Song » (effectivement
parfaite pour laisser aller sa mélancolie un jour de pluie, en méditant sur les
saisons de l’amour, près de 8 minutes de majesté empreinte du Mellotron de
JONES et de l’open-tuning de PAGE), sans oublier les fondamentaux rock. Les
amateurs de riffs maousses sont servis avec « Dancing Days », serré, puissant,
un morceau en béton armé qui sera encore meilleur – si c’est possible – sur le live
How the West Was Won. « Over the Hills and Far Away », très efficace aussi,
s’incruste durablement dans nos oreilles par sa géniale intro folk. « The Ocean
» possède également un riff terrible et des changements de rythme surprenants.
La petite incursion d’une mélodie a capella, en cours de morceau, est bien
amenée et montre à quel point les Anglais sont sûrs de leur art.
Tellement sûrs d’eux qu’ils
mettent le pied sur d’autres terrains. « D'yer Mak'er » est presque une blague
: un reggae chez le ZEP’ ! Ce titre est d’ailleurs la prononciation phonétique
de ‘Jamaica’ en anglais. Voyez comme l’humeur est potache. Je ne suis pas fan
de reggae à la base, donc je m’ébaubis moins sur ces quelques minutes, mais je
me marre à chaque fois en écoutant BONHAM taper comme… comme Bonzo, quoi,
complètement à l’opposé du son reggae, exactement comme Animal dans le Muppet
Show qui finit toujours par tout péter même quand on lui demande de jouer
doucement… Ce n’est donc pas vraiment un reggae, et c’est tant mieux. Un clin
d’œil amusant, tout comme « The Crunge », une improvisation studio qui s’est
transformée en un hommage au funk de James BROWN. Là aussi, loin d’imiter le
style du Godfather of Soul, le groupe se réapproprie les codes du genre pour en
faire un morceau étonnant, à la signature rythmique originale. L’humour anglais
n’est jamais très loin, finalement.
Cet album ne possède pas de
single évident, disais-je, mais je pense ne pas me tromper en vous disant que
la planète rock place unanimement « No Quarter » largement au-dessus des
autres. Ce pur chef-d’œuvre onirique, sombre, hypnotique, et lourd bien sûr,
est le bébé de John Paul JONES, dont les claviers vous suivront toute votre
vie, dès la première écoute. Le charleston de BONHAM accompagne à merveille les
méandres de ces sons inquiétants sur lesquels PAGE va poser un solo géant –
comme d’habe. 7 minutes cosmiques.
Un immense guitariste toujours au
sommet dans tous les styles, le meilleur hurleur de rock du monde, le batteur
le plus mammouthesque de la Création – et pourtant plus fin qu’on ne le croit
–, un bassiste arrangeur très intelligent, de la puissance, des mélodies
splendides, de la variation, une pochette magnifique… Houses of the Holy
souffre d'être coincé entre deux impressionants colosses(le IV et Physical
Graffiti), et c'est ce qui l'empêche d'atteindre les 5 étoiles tant recherchées
(PAGE va sans doute m'appeler pour me passer un savon), mais ne vous y trompez
pas. Ce disque est à la mesure des colonnes volcaniques d'Irlande du Nord sur
la couverture : géant. (ATN - FP).
TRACKLIST:
TRACKLIST:
A1 | The Song Remains The Same | 5:24 |
A2 | The Rain Song | 6:32 |
A3 | Over The Hills And Far Away | 4:06 |
A4 | The Crunge | 3:52 |
B1 | Dancing Days | 3:40 |
B2 | D'yer Mak'er | 4:18 |
B3 | No Quarter | 6:52 |
B4 | The Ocean | 4:16 |
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