PRINCE - SIGN 'O' THE TIMES (1987)
Paisley Park - 925 577-1 - (Europe)
Paisley Park - 925 577-1 - (Europe)
Nous voici donc en 1987, et Prince, désormais seul aux manettes, sort son nouvel album un an tout pile après Parade. Sign O' The Times : le disque de tous les classements, de toutes les discothèques idéales, de tous les superlatifs. Pourquoi une telle unanimité ?
Peut-être parce que Sign O' The Times est en réalité le “best of” de trois projets refusés par Warner, signant le début des bisbilles entre l’artiste et sa maison de disque : le double Dream Factory concocté en 1986 avec The Revolution, le side project Camille, alter égo féminin de Prince interprété par Prince lui-même et dont la voix est pitchée dans les aigus, et le triple Crystal Ball regroupant ces deux précédents projets en y ajoutant des nouveautés. Devant le refus de Warner de sortir un triple album, Prince n’a d’autre choix que de le réduire à un double. Il conserve 15 titres triés sur le volet du projet Crystal Ball, et enregistre un duo avec Sheena Easton. Ça donnera le 16ème titre, “U Got The Look”.
Peut être parce que Sign O' The Times est aussi un album somme. Un véritable catalogue de genres musicaux, retraçant trente ans de musique populaire tout en se payant le luxe d’être novateur. C’est bien simple, tout y passe :
- de la soul à la Curtis Mayfield ? “Slow love” et “Adore”. Check.
- de la ritournelle pop à la Beatles ? “Starfish and Coffee” et “Strange Relationship”. Check.
- un petit hommage jazzy à Joni Mitchell ? “The Ballad Of Dorothy Parker”. Check.
- du funk robotique façon Herbie ? “It” et “Hot Thing”, deux techno-funk minimalistes avec une grosse louche de sexe pour faire bonne mesure. Check.
- du blues 21eme siècle ? “Forever In My Life”. Avec en plus, une petite subtilité qui en fait tout le sel : les chœurs sont constamment en avance sur ce que prononce le lead. Inversion des rôles. Check.
- du rock à guitare virant hymne de stade ? “I Could Never Take The Place of Your Man”, mais surtout “The Cross” qui démarre dans un quasi silence pour terminer en explosion de guitares (on en fait des belles choses avec un Mi et un La…). Check.
- de la pop efficace calibrée charts ? “U Got The Look”. Check.
- du jam funk festif ? “It’s Gonna Be A Beautiful Night”, premier titre live paru officiellement sur disque, et c’est en France que cela a été capturé (Paris 1986) ! Check.
Peut être enfin parce que Sign O' The Times possède en son sein de véritables osnis (objets sonores non identifiés) - enfin, des trucs encore plus bizarres que le reste du disque, pour être exact. Des titres qui font que cet album est définitivement ailleurs et écrase forcément la concurrence de l’époque.
Commençons par le titre qui ouvre l’album et donne son nom à cet opus, je veux bien sûr parler de “Sign O' The Times”. Un beat de Linn Drum, des percussions synthétiques, et ce “Oh yeah” qui résonne comme une invitation. Et là, Prince nous envoie sa chanson la plus politique depuis un bail. Prince devient, le temps d’un titre, un Dylan funk, évoquant tour à tour le sida, l’explosion de Challenger, les homeless, la drogue… Dance on man ! Sur ce rythme robotique, une guitare se balade, comme autant de ponctuations d’un discours désabusé. Cette guitare se fera hargneuse dans les versions live. La chronique du déclin du rêve américain.
Deuxième ovni, “Housequake”. Mais c’est quoi, ça ! C’est funk, c’est jazz, et ça renvoie le rap naissant à ses chères études. C’est autre chose, on ne sait pas quoi, mais c’est unique. Ce titre, c’est l’essence de Prince. Un morceau qui est toujours d’actualité, vingt cinq ans après sa sortie.
Enfin, troisième morceau d’exception, le troublant “If I Was Your Girlfriend”, attribué à Camille. Drôle de morceau construit sur une basse slappée sur fond de nappe synthétique, un beat de Linn Drum et un motif mélodique au clavier doté d’un son d’accordéon. Et les voix de Prince, la lead étant pitchée dans les aigus alors que les chœurs étant pitchés dans les graves. De tant d’artifices devrait naître une certaine distance, mais c’est au contraire toute une humanité, toute une sensibilité étrange qui se dégage, les lyrics renforçant la confusion des sentiments et des genres.
Voila peut être pourquoi Sign O' The Times est, encore aujourd’hui, classé parmi les disques incontournables. Alors, doit on se féliciter du choix de la Warner d’avoir refusé les autres projets ? Au vu du résultat, on serait tenté de dire oui. Mais à la vérité, quand on connait les titres écartés - et qui sortiront quasiment tous dans les années qui suivront - Prince avait largement de quoi remplir un triple album qui tienne la route. Tout simplement parce que sa boulimie créatrice était sans limite durant cette période, et qu'il était intouchable, tout comme son modèle Stevie Wonder dominait outrageusement la musique entre 1972 et 1976. (Korama - FP).
TRACKLIST:
Peut-être parce que Sign O' The Times est en réalité le “best of” de trois projets refusés par Warner, signant le début des bisbilles entre l’artiste et sa maison de disque : le double Dream Factory concocté en 1986 avec The Revolution, le side project Camille, alter égo féminin de Prince interprété par Prince lui-même et dont la voix est pitchée dans les aigus, et le triple Crystal Ball regroupant ces deux précédents projets en y ajoutant des nouveautés. Devant le refus de Warner de sortir un triple album, Prince n’a d’autre choix que de le réduire à un double. Il conserve 15 titres triés sur le volet du projet Crystal Ball, et enregistre un duo avec Sheena Easton. Ça donnera le 16ème titre, “U Got The Look”.
Peut être parce que Sign O' The Times est aussi un album somme. Un véritable catalogue de genres musicaux, retraçant trente ans de musique populaire tout en se payant le luxe d’être novateur. C’est bien simple, tout y passe :
- de la soul à la Curtis Mayfield ? “Slow love” et “Adore”. Check.
- de la ritournelle pop à la Beatles ? “Starfish and Coffee” et “Strange Relationship”. Check.
- un petit hommage jazzy à Joni Mitchell ? “The Ballad Of Dorothy Parker”. Check.
- du funk robotique façon Herbie ? “It” et “Hot Thing”, deux techno-funk minimalistes avec une grosse louche de sexe pour faire bonne mesure. Check.
- du blues 21eme siècle ? “Forever In My Life”. Avec en plus, une petite subtilité qui en fait tout le sel : les chœurs sont constamment en avance sur ce que prononce le lead. Inversion des rôles. Check.
- du rock à guitare virant hymne de stade ? “I Could Never Take The Place of Your Man”, mais surtout “The Cross” qui démarre dans un quasi silence pour terminer en explosion de guitares (on en fait des belles choses avec un Mi et un La…). Check.
- de la pop efficace calibrée charts ? “U Got The Look”. Check.
- du jam funk festif ? “It’s Gonna Be A Beautiful Night”, premier titre live paru officiellement sur disque, et c’est en France que cela a été capturé (Paris 1986) ! Check.
Peut être enfin parce que Sign O' The Times possède en son sein de véritables osnis (objets sonores non identifiés) - enfin, des trucs encore plus bizarres que le reste du disque, pour être exact. Des titres qui font que cet album est définitivement ailleurs et écrase forcément la concurrence de l’époque.
Commençons par le titre qui ouvre l’album et donne son nom à cet opus, je veux bien sûr parler de “Sign O' The Times”. Un beat de Linn Drum, des percussions synthétiques, et ce “Oh yeah” qui résonne comme une invitation. Et là, Prince nous envoie sa chanson la plus politique depuis un bail. Prince devient, le temps d’un titre, un Dylan funk, évoquant tour à tour le sida, l’explosion de Challenger, les homeless, la drogue… Dance on man ! Sur ce rythme robotique, une guitare se balade, comme autant de ponctuations d’un discours désabusé. Cette guitare se fera hargneuse dans les versions live. La chronique du déclin du rêve américain.
Deuxième ovni, “Housequake”. Mais c’est quoi, ça ! C’est funk, c’est jazz, et ça renvoie le rap naissant à ses chères études. C’est autre chose, on ne sait pas quoi, mais c’est unique. Ce titre, c’est l’essence de Prince. Un morceau qui est toujours d’actualité, vingt cinq ans après sa sortie.
Enfin, troisième morceau d’exception, le troublant “If I Was Your Girlfriend”, attribué à Camille. Drôle de morceau construit sur une basse slappée sur fond de nappe synthétique, un beat de Linn Drum et un motif mélodique au clavier doté d’un son d’accordéon. Et les voix de Prince, la lead étant pitchée dans les aigus alors que les chœurs étant pitchés dans les graves. De tant d’artifices devrait naître une certaine distance, mais c’est au contraire toute une humanité, toute une sensibilité étrange qui se dégage, les lyrics renforçant la confusion des sentiments et des genres.
Voila peut être pourquoi Sign O' The Times est, encore aujourd’hui, classé parmi les disques incontournables. Alors, doit on se féliciter du choix de la Warner d’avoir refusé les autres projets ? Au vu du résultat, on serait tenté de dire oui. Mais à la vérité, quand on connait les titres écartés - et qui sortiront quasiment tous dans les années qui suivront - Prince avait largement de quoi remplir un triple album qui tienne la route. Tout simplement parce que sa boulimie créatrice était sans limite durant cette période, et qu'il était intouchable, tout comme son modèle Stevie Wonder dominait outrageusement la musique entre 1972 et 1976. (Korama - FP).
TRACKLIST:
A1 | Sign "O" The Times | 5:02 |
A2 | Play In The Sunshine | 5:05 |
A3 | Housequake | 4:38 |
A4 | The Ballad Of Dorothy Parker | 4:04 |
B1 | It | 5:10 |
B2 | Starfish And Coffee | 2:51 |
B3 | Slow Love | 4:18 |
B4 | Hot Thing | 5:39 |
B5 | Forever In My Life | 3:38 |
C1 | U Got The Look | 3:58 |
C2 | If I Was Your Girlfriend | 4:54 |
C3 | Strange Relationship | 4:04 |
C4 | I Could Never Take The Place Of Your Man | 6:31 |
D1 | The Cross | 4:46 |
D2 | It's Gonna Be A Beautiful Night | 8:59 |
D3 | Adore | 6:29 |
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