KILLING JOKE - HOSANNAS FROM THE BASEMENTS OF HELL
Let Them Eat Vinyl - LETV005LP - 12" Blue Vinyl - (United Kingdom)
Let Them Eat Vinyl - LETV005LP - 12" Blue Vinyl - (United Kingdom)
Voici un album dont je
voulais vous parler depuis longtemps. L'un de mes albums favoris, l'un des
albums que je considère comme un chef d'oeuvre intemporel. Un album culte. Et
un groupe auquel tout ces qualificatifs conviennent tellement il a encore une
carrière parfaite, variée et immense. Killing Joke, pas grand monde ne connait.
Dommage quand l'on pense que ce groupe est plus grand qu'Iron Maiden, AC/DC,
Metallica, Nirvana et Motorhead réunis. Si vos yeux viennent de s'écarquiller
et que vous venez de lâcher cette chronique en jetant un "n'importe
quoi" pensif, alors tant pis pour vous. Personne n'aura été plus constant,
plus créatif, plus humain, plus flippant, plus indispensable que la bande à Jaz
Coleman. Si Devin Townsend est sous-estimé, Killing Joke est ignoré, malgré son
apport exceptionnel à la musique moderne. Si un jour vous aurez le droit à
toute la discographie du groupe sur notre section Back To The Past, aujourd'hui
nous allons prendre le temps de découvrir son offrande de 2006 -après donc
trente-trois ans de carrière, le groupe s'étant formé en 1979-, Hosannas From
The Basements Of Hell. Qu'est ce qui rend ce disque unique ?
Déjà, il y a ce titre, d'une
puissance mystique rare. Il y a aussi cette pochette intriguante, hypnotisante,
reproduction d'une oeuvre surréaliste de Victor Safonkin, peintre russe qui
fait l'admiration de Jaz. Ensuite, il y a la production : l'exact opposé de ce
qu'attendait le monde de la musique d'un album sorti il y a six ans. Une
expérience fascinante qui a mené le groupe à enregistrer dans le sous-sol de
l'enfer, un lieu étrange de recherches situé dans une ancienne cave à vin de
Prague. Il parcourera le monde lors de l'enregistrement de ce chapitre, allant
de l'Ouzbekistan à la Nouvelle Zélande en passant par Tai Pei et Beyrouth. Cet
album sera universel, c'est dit. Et quasiment enregistré en une seule prise à
chaque fois. Rock & Roll ? Non, Killing Joke. Et la musique ? Le son est
riche, gras, ça dégueule, ça bave, ça cogne aussi. Aucune clarté, tout est
sale, on n'enregistre pas dans un lieu comme ça pour une production à la
Britney Spears. This Tribal Antidote est un réveil post punk, un retour aux
racines. Coleman nous sert de guide, le chaos est partout, les mélodies
apparaissent et disparaissent telles des fantômes dans une zone contaminée par
une radiation nucléaire. On se sent bien à l'écoute de ce titre. Aucun danger,
l'hypnose totale commence, impossible de suspecter ce qui va suivre. Et
pourtant, prenez une semaine de vacances, vous ne reviendrez pas en ce bas
monde avant un bon moment.
Décollage immédiat avec
l'indicible morceau titre. C'est le morceau le plus dingue jamais écrit par
Coleman & Co. Eruption de colère maitrisée, prière spirituelle déglinguée.
Les cavalcades de guitares sont effrayantes de précision, la batterie bat au
rythme du coeur qu'on est en train de vous arracher. "I'm not a murderer
yet" (Je ne suis pas encore un meurtrier). Jaz Coleman et Geordie White,
génies incontestables se transcendent, s'arrachent, et le souffle de vie
incroyable qui s'échappe de ce morceau n'a d'égal que l'état végétatif dans
lequel il vous laissera. Invocation, c'est le retour de l'influence orientale.
La confirmation du génie de composition. La révélation de la grandeur de ce
cru. Ces presque huit minutes passent comme une journée. Le voyage est
somptueux, la musique est parfaite, salement bonne, hautement radioactive. Et
pourtant touchante. Touchante comme Implosion, petit morceau énergique, punk
dans l'esprit, qui implose réellement. Pour de vrai. Il éclabousse par sa
classe et sa facilité déconcertante à vous hanter. Les guitares menacent,
Coleman est le dieu des chanteurs et des gourous, Majestic rampe tel
l'obscurité qui se fait sur la planète lors de l'extinction totale.
Progressivement, vous êtes envoûtés. Ce n'est pas comme une drogue. Une drogue
vous condamne à réclamer dès que vous êtes en manque. Là, ça vient se greffer
directement dans votre tête. Le libérateur Walking With Gods avec son bruit
étrange venu directement du ciel, le break électrique inattendu paumé dans le
litanique Lightbringer, le tendu et suspect Judas Goat, chaque morceau de ce
livre de la vie et de la mort va s'immiscer dans votre adn jusqu'à devenir
partie intégrante de ce qui vous définit. Et lorsque vient le temps de la
compréhension il est trop tard. Il n'y a plus qu'à remercier Killing Joke, Jaz
Coleman, Geordie White, Paul Raven, Benny Calvert, qui viennent de donner un
sens à votre vie.
TRACKLIST:
A1 | This Tribal Antidote | |
A2 | Hosannas From The Basements Of Hell | |
A3 | Invocation | |
B1 | Implosion | |
B2 | Majestic | |
C1 | Walking With Gods | |
C2 | The Lightbringer | |
D1 | Judas Goat | |
D2 | Gratitude |
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