vendredi 29 novembre 2013

Etienne Daho - Paris Ailleurs



ETIENNE DAHO - PARIS AILLEURS (1991)
Virgin - 70895 - (France)


Paris Ailleurs. Son cinquième album studio, et aussi son meilleur. Il a été enregistré durant l'été de 1991, à New York, avec l'aide indéfectible d'Edith Fambuena (guitare), qui coproduit (avec Daho), l'album. Edith Fambuena avait déjà collaboré avec Daho, brièvement, sur Pour Nos Vies Martiennes (1988), le précédent opus du Rennais. Elle et son complice Jean-Louis Piérot faisaient partie des Valentins, groupe de rock français dont le succès n'a jamais été totalement au rendez-vous (ils sont plus célèbres pour leurs collaborations avec Daho, Bashung (Fantaisie Militaire), Miossec (1964) ou Thiéfaine (Suppléments De Mensonge), que pour leur propre musique). Leur rencontre avec Daho sera décisive, et Edith et Jean-Louis (mais surtout Edith) participeront aussi à Corps & Armes ou L'Invitation, de Daho, par la suite. Mais retour sur Paris Ailleurs. L'album n'est pas le plus court de Daho, mais il est quand même très court, 38 minutes seulement, pour 11 titres. C'est un album fantastique, qui regorge de tubes (plus bas,vous trouverez leurs clips officiels ; Edith apparait dans le premier), et même les chansons non tubesques sont fantastiques. Même le court "Interlude A La Désirade" de 1,50 minute est remarquable, pourtant, ce morceau placé au centre de l'album (position évidente, c'est un interlude, après tout) n'est qu'un bouche-trou entre les deux parties de l'album !

Autrefois, je pensais sincèrement que le sommet de Daho n'était pas ce disque, mais Pop Satori (1986), son troisième opus. Pop Satori reste une bombe électro/pop en avance sur son temps, et le deuxième meilleur album du chanteur, mais Paris Ailleurs, plus sobre, mérite vraiment la pole position. Entouré de musiciens fabuleux (Edith aux guitares et à l'harmonica, Piérot au piano sur Saudade et au synthétiseur sur "Rue Des Petits Hôtels", Kenny Aaronson à la basse, Thommy Price à la batterie, Peter Scherer aux claviers, Sammy Figueroa aux percussions, Marcello B. à la basse sur trois titres), servi par une remarquable production, Daho livre ici un monstre sacré de la pop française.

Dès le premier titre, "Des Attractions Désastre" (Dayyyyy-ho ! M'avez-vous déjà vu quelque part ? Rafraîchissez-moi donc la mémoire...), on est pris dans le bain, dans le tourbillon pop/rock de l'album. La guitare de Fambuena est remarquable, le rythme est fantastique, Daho est en grande forme (Avant que j'm'en aille, avant mes funérailles, de la vie faire ripaille, avant que j'm'en aille), le morceau, trop court, passe comme un recommandé, et est suivi d'un autre classique/tube, au clip sublime, au piano irrésistible, "Saudade". Un des meilleurs tubes de Daho. Je n'ai rien contre "Week-End A Rome" ou "Tombé Pour La France", mais, franchement, le Daho pop new-wave de ces deux chansons n'a rien à voir avec le Daho racé, pop/rock qui fait son apparition en même temps que les années 90, avec cet album. "Comme Un Igloo" est furieusement soul, avec des paroles roublardes (bien trouvé, ce gimmick C'est en toi que l'amour se love), "Les Voyages Immobiles" est inoubliable (son intro fait assez 'western spaghetti'), et encore plus "Un Homme A La Mer", autre immense tube qui squattera longuement les ondes FM de France, de Navarre, d'Andorre et du 9-3 durant la première moitié des années 90. Après un "Interlude A La Désirade" franchement sublime, "Toi + Moi", avec son refrain en anglais (There's a place for us) et ses cuivres (saxo, trombone) irrésistibles, nous remet sur les genoux.

On pourra attendre longtemps une mauvaise chanson sur Paris Ailleurs ; j'en connais même qui attendent encore. Qui veut bien les prévenir qu'ils perdent leur temps ? "Rue Des Petits Hotels", qui propose le titre de l'album dans ses paroles (Parcours par coeur, Paris ailleurs/Les souvenirs se traînent, l'enfance se promène rue des Petits Hôtels) est une nouvelle claque mélodique, émouvante, touchante, daholienne en diable. "La Berlue" est, elle, une reprise pop franchement réjouissante d'une ancienne chanson (1972) de Françoise Hardy (Pour voir l'intérieur de ma tête, il te faut des lunettes, car tu as la berlue). Et il y à la Grande Finale de l'album : "Double Zéro Et L'Infini", immensité absolue co-écrite avec Rico Conning, 4,25 minutes (unique morceau à atteindre les 4 minutes) grandioses avec des boucles électroniques (programmation de Yuka Honda) remarquables, le morceau le plus moderne de l'album (et sans doute le meilleur aussi), et "Paris Ailleurs", régal électrorock qui achève le disque en beauté (Paris...où ça ?/ Paris...ici/Paris...où ça ?/Paris...ailleurs), avec un riff de guitare entêtant. Après ce dernier titre qui approche des 4 minutes sansles atteindre (3,45 minutes), une seule envie, refoutre le disque sur Play, plage audio 1.

Sous son très sobre emballage (mis à part la photo de recto de pochette et des timbres sur les extrémités des pages du livret, aucune illustration, rien), Paris Ailleurs s'impose vraiment comme une magistrale réussite, un disque puissant qui n'est pas seulement le sommet d'Etienne Daho (déjà, ça, c'est pas mal, au vu des grands albums qu'il a sortis, surtout après celui-ci), mais aussi et surtout un des sommets du rock français depuis ses débuts (soit le début des années 60). Album parfait, littéralement, Paris Ailleurs est un disque dont on ne se lasse pas, et à moins d'être totalement réfractaire à Etienne Daho, c'est un disque qui est vraiment indispensable à tout amateur de pop/rock et de rock hexagonal. (Clash Doherty).



TRACKLIST:

A1Des Attractions Désastre3:10
A2Saudade3:29
A3Comme Un Igloo3:51
A4Les Voyages Immobiles3:05
A5Un Homme A La Mer3:53
A6Interlude A La Désirade1:54
B1Toi + Moi3:54
B2Rue Des Petits Hotels3:19
B3La Berlue3:17
B4Double Zéro Et L'Infini4:25
B5Paris Ailleurs3:44





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